Musoni Caroli
08/02/09
Il m’arrive parfois de me poser cette question quand je vois la légèreté avec laquelle les députés et sénateurs de notre pays traitent certaines questions pourtant qui revêtent une très grande importance pour l’avenir du pays. Ne dit-on pas que l’avenir se joue dans le présent ?
Dans le passé récent, les observateurs avisés qui ont remarqué la façon dont les congolais ont traité la question de Kahemba et des Bundu dia Kongo, ne pouvaient pas s’empêcher de se poser la question de savoir si dans l’hémicycle du palais de la nation il y avait vraiment un seul congolais.
Les révolutionnaires nous disent qu’il y a sept principes pour mener une bonne révolution, parmi lesquelles : il faut se sentir concerné par les problèmes des autres, il ne faut jamais négliger les petites choses et pourtant rien ne semble être pris au sérieux chez nous. Les congolais n'ont pas de vision positive pour l’avenir de leur pays et de leur vie. Ils n’ont pas des rêves pour l’avenir, ils vivent du jour au jour.
Depuis les récents événements qui ont amené le Rwanda à envoyer ses troupes au Congo pour y imposer la Paix, on remarque un silence inquiétant de toute la classe politique congolaise sur ces événements qui bouleversent pourtant notre pays et qui risquent d’avoir une incidence grave sur la vie politique et sociale dans un futur proche.
‘’L’heure est grave, la nation est agressée par le Rwanda et nous demandons à toutes les forces vives de se mobiliser pour faire échouer le plan de l’ennemi de la nation’’ disait il y a quelque mois le président de la République Joseph Kabila pour justifier l’échec cuisant lui infligé par la rébellion du CNDP sur les FARDC. Qu’est ce qui peut avoir changé entre ce discours et celui que nous avons attendu lors de la conférence de presse du même président expliquant la présence cette fois-ci, sur invitation du gouvernement congolais, des ces mêmes forces étrangères sur le sol congolais.
Je constante pourtant que l’armée qui vient d’entrer sur notre territoire, à la demande de nos dirigeants, est la même que celle dont les mêmes dirigeants nous disaient il n’y a pas longtemps qu’elle nous agressait pour la prédation de nos richesse. Et je remarque que ce sont les mêmes extrémistes, tireurs des ficelles, qui accompagnent l’armée étrangère pour expliquer à la population d’accepter l’installation des ‘’alliés’’ comme on les appelle déjà à Goma. Qu’est ce qui a changé si ce n’est le manque de vision claire pour notre peuple de la part de ses dirigeants ? Je me demande vraiment s’il y a un seul congolais dans les deux chambres et au sein du gouvernement de Kinshasa.
Tenez, un jour après l’entrée des troupes rwandaises sur le sol Congolais, le ministre des affaires étrangères expliquait à qui voulait l’entendre que ce n’étaient que des officiers de renseignement qui étaient entrés sur le sol congolais et le président du parlement Vital KAMERHE niait l’évidence alors que plus de 6 000 militaires se trouvaient déjà stationnés à Kibumba, en disant que ce n’était pas possible et dans le cas contraire c’était grave. Depuis, silence de marbre du côté des parlementaires.
C’est la capitulation de toute l’élite congolaise et le Rwanda redevient l’allié et le libérateur de 1997 même si le Congo l’a déjà accusé de tous les péchés du monde, et de tous les crimes de l’enfer.
L’histoire du Congo est encore une fois revisitée et, la population perd des repères, obligée d’oublier qu’elle n’a pas de pain et qu’elle devrait le réclamer ; les militaires sans solde se servent encore une fois sur le dos de la population pour survivre et s’embarquer dans le train de la nouvelle histoire écrite au Rwanda et avalisée par Kinshasa, sans savoir où ils vont ; les grévistes continuent leur grève dans un désintéressement total de la classe politique dont l’intérêt primordial semble tourné vers Kigali où le dernier opposant au régime de Kabila est détenu (encore à l’étranger dans une humiliation totale des congolais qui ne comprennent rien mais acceptent de subir) comme Bemba à la Haye ; les vautours se précipitent sur les miettes des dollars sorties des valises de Numbi et données au CNDP-Kamanzi que l’on nomme déjà CNDP-Rwanda, oubliant la misère qui pue autour de la ville de Goma.
Le Congo pourra-t-il sortir de cette situation qui semble avoir pris tout le monde de court mais dont l’accélération sur terrain risque de causer des dégâts sur le plan cohabitation des communautés ?
Oui rien n’est perdu, changeons seulement notre façon de penser et de voir les choses. La crise actuelle n’est pas une fatalité mais la conséquence de la faiblesse et de l’inintelligence du leadership congolais. Elle peut même être pour nous une opportunité de mettre les choses à plat pour mieux repartir. Il ne faut ni démissionner, ni se décourager. Mais plutôt puiser dans notre idéal des énergies nouvelles, coller à la réalité, harmoniser les actions, organiser les initiatives, et travailler en équipe pour parer à cette incapacité ou du moins à l’absence du leadership congolais pour que la question y a -t-il un congolais dans la salle ne se pose plus jamais.
Debout congolais, l’heure du bilan viendra où les générations futures nous poseront la question de savoir si nous étions dans la salle ?