Ange Michel Murangwa
Atlanta, Georgia
04/09/10
On le savait singulièrement énigmatique, froid. L’image que donne le Régime Kagamé ne dément pas. Une lecture attentive d’événements qui se succèdent à un rythme effréné dans les pays des Mille Collines atteste d’un état de guerre qui ne veut pas encore dire son nom.
Mais elle est là, silencieuse, étend ses tentacules sur toute la Région des Grands Lacs qui risque de s’embraser fort bientôt, à nouveau.
Kagamé a certes pu contenir, jusque-là, les effets d’un terrorisme qui essaye de révolter la population Rwandaise. Les multiples attentats à la grenades, les assassinats que l’on prête généreusement et maladroitement à ses services de sécurités semblent, jusqu’ici, avoir été digérés sans grand peine dans un Rwanda assagi par l’expérience d’un passé récent.
En des termes à peine voilés, Madame Ingabire appelle au soulèvement des masses. Un soulèvement sans violence, comme si cela se pouvait. L'ex Colonel Patrick Karegeya lui, n’y va pas par quatre chemins pour déclarer sa guerre. Une guerre de libération contre la monstrueuse machine qu’il se vantait naguère, d’avoir créée.
Les Tutsi Congolais qui ne démêlent pas encore les enjeux du problème viennent de perdre coup sur coup et le vieux Semadwinga et Mme Emeritha Munyeshuli, tous les deux connus pour avoir été des proches du General Laurent Nkunda Mihigo. Nkunda qui lui demeure silencieux sous la protection de Kagamé, un Kagamé qui n’aurait rien à perdre en le livrant à Kinshasa, et n’aurait donc, logiquement, aucune raison de s’attaquer à ses vieux lieutenants.
La vérité est ailleurs, dans des alliances contre nature qui se tissent au loin à l’ombre, à Johannesburg, Paris, Bruxelles et Londres. Alliances entre génocidaires et renégats du Front Patriotique Rwandais, alliances dans les quelles chaque partie se jure de se servir de l’autre. Celui-ci pour ramener le pouvoir Kamarampaka, le seul à même de lui assurer une amnistie qu’il ne pourrait entrevoir sans un changement à Kigali, celui-là pour remplacer l’homme fort du Rwanda et créer un pouvoir encore plus Tutsi. Le beau paradoxe.
La manne coltanesque du Nord Kivu a échappé aux prétendus “fidèles de Nkunda” dont certains clament haut cette fidélité pour cacher des visées beaucoup moins sentimentales. Celui de rallumer la guerre et pomper à nouveau dans les mines du Nord Kivu. Qui à collaborer avec les FDRL, leur ennemis d’hier. Ils s’avent bien entendu qu’ils ne pourraient y arriver sans passer sur le corps de Kagamé. Jouer au troisième larron leur offre une voie… Une voie peu certaine.
La toile est donc grotesque, explosive à souhait. Les génocidants qui préfèrent le label “Intelligentsia Hutu” croient avoir le vent en poupe avec le récent météore de Human Watch qui est tombé comme Mars en Carême. Un météore dans le ciel des Grands Lacs qui risquerait de créer bien plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. Mais qu’importes, Il faut bien que les Organismes-charognards (Humanitaires) survivent.
Les FDRL dans le nord Kivu s’organisent donc aux côtés de ceux qui se disent les fidèles de Nkunda. Karegeya assure du ralliement des quelques milliers des soldats des Forces Rwandaises, fidèles au général Kayumba Nyamwasa qui lui se voit déjà dans le Rugwiro. La belle Croisade des fidèles…
Ingabire se jure, elle, de soulever tous les prisonniers des crimes « quelque peu exagérés » du Génocide Tutsi. Elle n’oublie pas les rares rwandais qui se souviendraient encore d’avoir été hutus.
L’argent, le nerf de la guerre circule à flot. Karegeya passe les messages et les valises, le financier des troupes, lui, ne pourrait paraitre encore. Félicien Kabuga serait allergique à la lumière. Et pour cause…
Gasasira, le Muvugizi-Wikipédia des Troupes Alliées, entretient le feu sacré en créant et livrant des petits secrets chauds qu’il tient toujours de très haut lieu. Il a une réponse à tout ce qui ne tourne pas rond depuis le Rucuncu et dresse le bilan des victimes avant que les grenades ne soient lancées. Les préparatifs qui se font présentement à Paris et Bruxelles inspireront bientôt d’autres rapports, des tonnes des pages, comme pour soutenir l’industrie du papier. La fumée qui monte de la case Rwanda sent déjà le roussi et annonce des regrets tardifs sur quelques erreurs d’appréciations.
Le calme de Paul Kagamé fait penser au Léopard qui saute sur sa proie sans cris de guerre. Une autre guerre qu’il gagnera, comme toujours, pour que se chante, à nouveau sur les Mille et une collines, l’Intsinzi Bana b’Urwanda…
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