Vangu Mambueni a tiré sa révérence le mercredi 11 juillet dans la matinée à son domicile de Kinshasa-Matete, sortant ainsi pour toujours d’une paralysie générale au point que son entourage considère son décès comme une délivrance.
Selon un ancien collaborateur de Vangu Mambueni tant à la présidence de la République qu’au ministère des Affaires étrangères où le défunt a été conseiller politique et diplomatique et vice-ministre, qui s’est confié à Congoone depuis Kinshasa, son ancien patron est mort à la suite d’un poison à retardement dont les auteurs et ou commanditaires se retrouvent au sommet de l’Etat. Et pour cause, notre source souligne que les héritiers du pouvoir AFDL porté à bout de bras par le régime de Kigali n’ont jamais pardonné à Vangu Mambueni son zèle à la tête de la commission Vangu du Haut Conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT) en rapport avec les bruits des bottes aux frontières de la République du Zaïre avec le Rwanda en 1994.
On se souviendra de ce qu’à la tête de la commission d’enquête parlementaire portant son nom, Vangu Mambueni avait dénoncé en 1994 le plan rwandais visant l’annexion du Nord-Kivu et les intentions des Tustsi de vouloir régenter le pouvoir en RDC.
L’avènement du pouvoir AFDL dans la mallette rwandaise ne fut pas une partie de plaisir pour le président de la commission d’enquête parlementaire Vangu qui fut obligé de vivre dans la clandestinité après avoir failli être tué chez lui par des hommes armés.
Le traquenard !
Le divorce entre Laurent-Désiré Kabila et ses parrains rwandais favorisera un rapprochement entre le régime des Kabila et Vangu Mambueni. Une normalisation qui deviendra effective à l’avènement de la manière que l’on sait de Joseph Kabila Kabange qui fera de Vangu Mambueni son conseiller politique et diplomatique, puis vice-ministre des Affaires étrangères en 2003. L’ancien collaborateur de Vangu estime que c’est à ce moment là que son ancien patron était tombé dans le traquenard.
Mais, Vangu Mambueni n’avait pas pour ennemis politiques que les Tutsi de l’AFDL-CPP-AMP. Au cabinet de Kabila Kabange où il fut conseiller politique et diplomatique, Vangu s’était attiré, par la presse interposée, les foudres du directeur de cabinet d’alors, Théophile Mbemba Fundu, pour avoir dénoncé dans un rapport adressé au président de la République les déséquilibres dans la composition du gouvernement où les ressortissants de la seule province du Bandundu constituaient le tiers des membres de l’Exécutif.
La réponse du berger à la bergère ne s’était pas faite attendre. Originaire de la province du Bas-Congo et dignitaire de l’église kimbanguiste, Vangu Mambueni fut mitraillé par une presse hystérique le qualifiant au passage de Muzombo, donc angolais, non sans l’avoir accusé en septembre 2001 de conflictuel et de vouloir opposer le président de la République à la classe politique de Bandundu.
Pour des analystes, le déséquilibre dénoncé par Vangu dans un rapport adressé au président de la République, et qui s’est retrouvé dans la presse, était encore plus criant si on prenait en compte les cas des membres des comités de gestion et des conseils d’administration des entreprises publiques.
Ce n’est pas tout. Il y avait aussi le cas de la Ville de Kinshasa où 19 des 24 bourgmestres étaient originaires de Bandundu selon la mise en place effectuée par Théophile Mbemba, gouverneur de la Ville nommé par la suite directeur de cabinet de Joseph Kabila.
Si d’aucuns avaient considéré Vangu Mambueni comme un collaborateur courageux, ses informations mises sur la place publique ne pouvaient ne pas nuire à sa personne.
Et comme on dit qu’en politique la vengeance est un plat qui se mange froid, Vangu Mambueni semble, selon ses proches, avoir payé de sa vie sa collaboration avec un régime dont les héritiers sont encore en bonne intelligence avec Kigali qui n’a jamais pas fait mystère par Pasteur Bizimungu, alors président de la République, de sa volonté d’annexer une partie du Kivu en réclamant d’ailleurs la tenue d’une conférence de Berlin II.
Congo One