Un témoin à charge dans le procès contre Lubanga se rétracte.

AFP

29/01/09

 

Peu après avoir accusé les hommes de l'ex-milicien congolais Thomas Lubanga de l'avoir enrôlé pour combattre à leurs côtés durant la guerre en Ituri, un ancien enfant-soldat s'est finalement rétracté, mercredi, devant la CPI.

Le premier témoin du premier procès de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye s'est rétracté mercredi peu après avoir accusé les troupes de l'ancien chef de milice congolais Thomas Lubanga de l'avoir enrôlé.

Le président a suspendu jusqu'à jeudi matin le procès qui avait débuté lundi, à la demande de l'accusation. Celle-ci a souhaité "une enquête sur les inquiétudes du témoin quant aux mesures de protection dont il fait l'objet (…) et à ce qui se passera lorsqu'il rentrera au pays, après son témoignage".

"Nous sommes persuadés que cela a un effet sur le témoignage qu'il livre en ce moment", a déclaré le procureur, Fatou Bensouda.

Le témoin, un jeune homme dont l'âge n'a pas été communiqué, était le premier à être entendu au procès de Thomas Lubanga, jugé pour l'enrôlement d'enfants soldats durant la guerre en Ituri (est de la République démocratique du Congo) en 2002-2003, un crime de guerre.

La troisième journée d'audience, qui s'est en partie déroulée à huis clos, a été entièrement consacrée à l'audition de ce témoin qui n'a parlé en fait qu'une trentaine de minutes.

L'audience a été interrompue à plusieurs reprises, notamment à la suite de la réticence du jeune homme à répondre aux questions du procureur.

Après avoir accusé des soldats de l'UPC (Union des patriotes congolais), la milice de Thomas Lubanga, de l'avoir enrôlé, le témoin est revenu sur ses déclarations.

"Non, je n'ai pas été dans un camp d'entraînement militaire", a-t-il déclaré à l'accusation, faisant naître un sourire sur le visage de Thomas Lubanga.

"C'est faux", a-t-il répondu ensuite au président de la Cour, le Britannique Adrian Fulford, qui l'interrogeait sur la véracité de ses premières déclarations.

Par mesure de protection, le témoin était caché des regards du public par un rideau, mais visible par les magistrats, par les avocats ainsi que par l'accusé. Sa voix était brouillée.

Jeudi matin, les trois juges devraient entendre l'accusation, "probablement à huis clos", avant de se prononcer sur les suites à donner au témoignage, a indiqué une porte-parole de la CPI.

Le jeune homme avait affirmé mercredi matin avoir été enrôlé à la sortie de l'école par des soldats de l'UPC, qu'il avait reconnus grâce à leurs tenues militaires.

"Certains élèves étaient enrôlés et emmenés, j'étais un de ceux qui ont été conduits dans des camps militaires", avait-il raconté en swahili, sa langue natale.

Les hommes de Lubanga "nous ont dit que le pays connaissait des troubles et que les jeunes devaient se mobiliser pour sauver le pays. Je leur ai répondu que nous étions encore trop jeunes", avait-il ajouté, avant d'hésiter à poursuivre.

"Je suis dans une situation délicate parce que j'ai fait le serment de dire la vérité", avait-il répondu à Mme Bensouda qui l'interrogeait sur l'identité de ses amis.

Un tel revirement n'est pas surprenant, selon Bukeni Waruzi, spécialisé dans la démobilisation d'enfants soldats en RDC pour l'organisation non-gouvernementale Witness. "Thomas Lubanga sera son chef pendant toute sa vie, même si vous le démobilisez", a-t-il expliqué à l'AFP.

Durant le témoignage, Thomas Lubanga était resté très attentif, prenant des notes et regardant régulièrement en direction du témoin.

Transféré à La Haye en mars 2006, il plaide non coupable.

La CPI, entrée en fonction en 2002, est le premier tribunal international permanent chargé de juger les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocides.

 

 

 

AFP

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