AFP
26/10/07
KINSHASA, 25 oct 2007 (AFP) – Reporters sans frontières (RSF) a jugé, jeudi dans un communiqué, "bâclée" et "dangereuse" la décision du gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) de suspendre la diffusion de 38 médias privés, dont quatre radios associatives de Kinshasa, pour non conformité.
Ces médias ont été "interdits de diffusion", par un arrêté ministériel pris le 20 octobre, pour ne pas s'être "conformés à la loi" en matière de réglementation du secteur audiovisuel, notamment pour ne pas avoir payé les taxes requises au ministère de l'Information ou ne pas disposer de licence d'exploitation.
L'organisation de défense de la liberté de la presse RSF "dénonce la décision bâclée du ministre de l'Information, Toussaint Tshilombo Send, réduisant au silence quatre radios associatives de Kinshasa et mettant en péril l'existence de 200 autres disséminées dans le pays".
"Mal documenté, politiquement suspect et pris dans la précipitation, l'arrêté ministériel est dangereux et injuste pour les radios communautaires congolaises, qui jouent pourtant un rôle important pour l'information des populations des provinces", estime RSF.
"Réglementer le secteur est une chose, mais rendre impossible la survie de ces petits médias est absurde", estime l'ONG, qui appelle le ministre à "comprendre qu'il risque de priver la RDC d'un atout précieux pour son développement et la réussite des réformes engagées".
De son côté, la Fédération des radios de proximité du Congo (FRPC) a protesté mercredi contre des sommes exorbitantes exigées par le ministère et souligné que les radios associatives ne devraient pas être assimilées à des médias privés à vocation commerciale.
RSF soutient qu'"un vide juridique entoure le statut des radios associatives, qui, sans aucune aide de l'Etat, ont joué un rôle déterminant dans l'information des populations" en RDC.
Parmi les médias visés figurent aussi deux chaînes de télévision (CCTV) et (CKTV) et une station de radio (Ralik) de l'opposant Jean-Pierre Bemba, Molière TV, Horizons 33, Mirador et Numerica TV (proches du pouvoir).
Mais certaines d'entre elles ont repris leurs émissions mercredi, après avoir produit les preuves de leur conformité à la loi, signale RSF.
Agence France Presse