André Gakwaya
08/04/09
Kigali – Le 15ème anniversaire de la commémoration du génocide a été célébré sous le thème du renforcement de soi et du pays afin de prévenir d’autres génocides et de trouver des solutions aux désastres que 1994 a causés sur la vie des Rwandais, a établi l’ARI.
La commémoration s’est déroulée sur le site du génocide de Nyanza à Kigali où ont été tués et inhumés cinq mille Tutsi qui avaient trouvé refuge à l’Ecole Technique Officielle de Kicukiro (ETO) gardés par les soldats belges de la Mission des Nations Unies au Rwanda (MINUAR).
Ces militaires ont laissé sans protection les fuyards assiégés par des ex-Far et des miliciens qui ont par la suite évacué les victimes sur environ deux km au sommet de la colline de Nyanza où elles ont été abattues à coup de grenades, de balles, de gourdins et de pierres.
Vénuste Karasira, 56 ans, a perdu un bras. Il fait partie d’une centaine de rares personnes qui ont survécu à l’hécatombe.
« Nos tentatives pour convaincre les soldats belges à nous évacuer vers la colline de Remera déjà occupée par les combattants de l’APR sont restés vains. Non plus ces soldats n’ont pas tenu à assurer notre protection. Ils nous ont abandonnés en sachant très bien que nous allions être décimés », a-t-il témoigné devant le Président Kagame, divers invités et le public très nombreux sur place.
Des autorités rwandaises militaires et civiles comme le bourgmestre de Kicukiro Gasamagera Evaririste et le Colonel Rusatira Léonidas sont mises en cause pour avoir promis de protéger cette population menacée pour ensuite la livrer aux tueurs.
De même, le colonel belge Luc Marshall est pointé du doigt pour avoir manqué à son devoir de protection des civils menacés et d’avoir fait preuve de lâcheté extraordinaire. Il est accusé d’avoir rejoint les négationnistes et d’avoir témoigné en faveur de l’écrivain Pierre Péan.
Pour le Président Kagame, il n’est pas facile de bâtir le pays sur les cendres de plus d’un million de personnes tuées en l’espace de cent jours.
« C’est pourtant le cas pour le Rwanda où nous faisons face à des défis de taille depuis 15 ans. Des enfants mineurs orphelins sont devenus chefs de ménage et éduquent leurs petits frères et sœurs. Des détenus passés aux aveux et à la repentance reconstruisent le pays qu’ils ont détruit. Rescapés et bourreaux sont parvenus à se rencontrer et à habiter la même colline. Ils restent des voisins », a-t-il indiqué.
Il a déploré les critiques trop acerbes et trop injustes qui ignorent les efforts fournis par les autorités en place à Kigali depuis 15 ans. Il a dit que la justice réconciliatrice poursuivra son œuvre et que les Rwandais continueront leur responsabilité de bâtir leur pays.
ARI