Rwanda: Enquête sur une aventure.

Ange Michel Murangwa

muramliz@yahoo.com

30/03/10   victoire_ingabire_umuhoza.jpg                           

Les pièges étaient bien tendues, les armes affutées, mais les extrémistes on eu le tord de se tromper d’époque et de lieux. Personne au Rwanda n’est tombé ou ne tombera dans le piège. Kigali ne brulera pas.

Rien pourtant ne manquait pour une rentrée en beauté du « Hutu Power ». La Noire lumière de Monseigneur Perraudin avait éclairé l’écurie Catholique qui, une fois de plus, avait concocté le scénario du changement. Les livres d’Histoire avaient été consultés pour scruter la moindre faille dans l’armure du FPR. Les démons du Rutshunshu avaient été réveillés,  l’élite d’Astrida avait été sortie du Nyabarongo et le Roi Kigeri V voulu dupe cautionnait le changement, sans le savoir.

Bref, « ILS » allaient récupérer « démocratiquement’ » le pouvoir.  

L’Histoire ne se répète pas.

Les faits.

pere_wenceslas.jpgLes FDRL ont définitivement abandonné le rêve de reprendre Kigali. L’imprévisible signature de paix entre Kabila et Kagamé sous la pression de la Communauté international a changé la face du combat. Exit donc Murwanashyaka. Mais tapis dans l’ombre, Il ya d’autres  extrémistes  plus pervers dont la voix avait été couverte par les crépitements des armes. Ces hommes pensent possible le retournement de la situation en faveur d’un régime mono-ethnique au Rwanda par des manouvres plus sophistiqués. La liste est longue, se dit confiante en la victoire finale. Kagamé doit se plier à des élections démocratiques  si non, la menace est claire, un deuxième génocide est annoncé littéralement ex cathedra. Menace ? Promesse ? Ils se disent prêts à assumer et ne craignent pas de l’écrire…

Ils bénéficient des généreux soutiens. La relève des FDRL en débandade est bien assurée par une armée d’invincibles en cuirasses saintes. Le chef est logé dans une belle Eglises gothiques, c’est Wenceslas Munyeshyaka, le Bourreau au gilet de St.Anne.                                                                                                                 

Pour Rome, ils  parachèvent l’œuvre de Monseigneur Perraudin, la croisade contre les mécréants, communistes et  Francs-maçons  « T » qui ont aliéné l’innocent peuple pendant des siècles. Aux millions des victimes du Génocide Tutsi, ces bourreaux opposent près de quatre cents prêtres  « massacrés » par le FPR. Rome n’a jamais écouté un autre son de cloche. Pour elle, les victimes deviennent coupables.  Sur le plan politique, Ces talibans du Christ s’accordent peu avec les nordistes du FDLR. Ils se font volontiers appeler « les Orphelins de Gitarama », les dépositaires de la révolution de 1959. Ils ont été élevés dans une haine viscérale du « T ». Pour eux la guerre du FPR n’avait qu’un objectif : le retour à la Monarchie Nyiginya, un cliché savamment entretenu pour les jeunes hutus présents et à venir.

L’aventure Ingabire.

Le plan avait été savamment élaboré depuis des années et attendait aux frais des arcades gothique de Gisors.

Les causes perdues ont besoin de martyrs et la stature de Victoire Ingabire Umuhoza la désigne naturellement à ce rôle.

Celle qui est choisie a un don du ciel : Ingabire, elle consolatrice : Umuhoza, elle victorieuse : Victoire, bref, elle était prédestinée.

La Jeanne d’Arc est du Sud comme l’écurie. Elle est politiquement vierge, son faux message de réconciliation peut passer. Elle était hors du Rwanda en 1994 et n’a donc pu participer au Génocide. Couverte par sa double nationalité, elle peut plus aisément critiquer. Elle est femme et saura cacher son jeu.

Avant de faire le pas Umuhoza fait le tour du monde, explique les raisons de son combat, mais la fausse colombe manque de gagner des cœurs sur le plan International. Les spécialistes de la question des Grands Lacs ont les yeux tournés vers la question des FDRL ou analysent le développement spectaculaire du petit Rwanda.

Elle obtient sans peine un passeport Rwandais et débarque à Kigali après 16 ans d’absence.

Pour l’écurie Catholique les renégats Tutsi du FPR sont les mieux indiqués pour la figuration. Le Jeune Mushayidi est contacté pour rassembler les opposants tutsis de l’intérieur. Il accepte d’être de la partie, mais prend peur, se ravise en dernière minute et estime sage de se tenir à l’ombre en Tanzanie pour suivre la situation. La lâcheté de bonne gueule… deo-mushayidi.jpg

C’est Mushayidi, le brillant auteur de la théorie du double génocide qui conseille mal Ingabire. Le discours de celle-ci au Mémorial de Gisozi se révèle comme un pied dans le plat. Provocation inutile qui barre à jamais la route de la dame Umuhoza. Accorder un visa à son parti serait une insulte aux millions des morts. Des jeunes survivants du Génocide ne peuvent refreiner leur colère, elle est secouée sans ménagement certes, mais la police intervient.  

Joseph Ntawangundi Aramwica, son Secrétaire général à moins de chance car il est rattrapé par son passé. Condamné par contumace pour participation au Génocide. Il ne pouvait ignorer le  mandat d’arrêt en circulation depuis 10 ans. S’il a voulu défier la Justice, Monsieur est servi.

Les commanditaires d’Umuhoza reprochent à celle-ci d’avoir lâché Ntawangundi Aramwica, de ne pas avoir criée assez haut son indignation devant la Communauté Internationale pour cette arrestation. Elle n’y pouvait rien. Joseph avait plaidé coupable.

Mushayidi qui se targuait d’avoir une armée « du Roi » quelque part entre l’Uganda et la Tanzanie est pêché, salé puis livré à la Justice Rwandaise. Il a oublié les accords sur la sécurité entre la RDC, le Rwanda et le Burundi. Point n’était besoin de négocier l’extradition.

Même sans fondement, la peur reste humaine, Ingabire se souvient subitement de sa famille et tente de s’exfiltrer de son cher pays. Pas si vite Madame la Présidente, car il ya des questions en suspend. Ceux qui à l’extérieur savourent déjà son arrestation pour ameuter le monde sont déçus. Madame la Présidente est libre.

Qu’à cela ne tienne, se refugier dans une ambassade y demander l’asile serait un bon scoop médiatique. Les Britanniques ne sont pas Français et la France d’hier n’est plus la France d’aujourd’hui. Mme Ingabire est reconduit poliment à la porte de l’Ambassade de sa Majesté la Reine du Royaume Uni. La traitre Albion est aussi tôt dénoncée à Bruxelles, Paris et Gisors.

Victoire Ingabire Umuhoza n’était pas au Rwanda en 1994. Elle se peut se targuer de son innocence mais Ill ya le FDRL. Elle n’ignore pas que toute relation avec une organisation terroriste justifie internationalement, tout au moins une interpellation et des investigations, au pire, Guantánamo…  

Bien entendu ses relations avec le FDRL sont à prouver. Elles le seront ou ne le seront pas. Mais une chose est sure: Kagamé sourit peu mais n’est pas Néron, il n’est pas faiseur de vraie ou fausse martyre.

Choisira-elle de rester pour un combat plus constructif dans son pays? Souhaitable. Là serait la vraie victoire.

L’échec serait de retourner dans  le Pays Plat et rédiger ses mémoires à titrer : « KWIHEHERA UMUSUZI IKIGALI »

 

©  VirungaNews

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