El Hadji Massiga FAYE
15/12/08
Donner des informations fiables aux milieux politiques et diplomatiques des pays africains. C’est le but de la visite au Sénégal d’une délégation du Congrès national pour la défense du peuple (Cndp, Rdc) de Laurent Nkunda.
Au lendemain d’une audience accordée (vendredi soir) par le président sénégalais Abdoulaye Wade, la délégation conduite par le chargé de mission Omar Basile Diatezwa a fait face à la presse samedi.
« Nous avons trouvé un président Wade très affable qui a bien compris la problématique de la crise congolaise, qui demande une solution humainement acceptable », a-t-il confié. Exposant les origines du conflit à l’Est de la République démocratique du Congo (Rdc), le chargé de mission du Cndp a tenu à camper les enjeux de cette guerre. « Depuis l’indépendance, les différents gouvernements n’ont pas su mener une bonne politique face au conflit d’intérêts entre communautés notamment avec les Kinyarwandais à cheval sur trois pays (Rwanda, Congo-Brazzaville, Ango-la) », explique-t-il.
Une situation qui a amené l’éclatement de l’harmonie entre les différentes communautés, particulièrement les Tutsis qui « ont été défenestrés avec mépris, ostracisme, lors de la Conférence nationale souveraine », selon les termes d’Omar Basile Diatezwa. Visiblement très en verve, celui-ci lance : « nous ne pouvons pas accepter qu’un groupe culturel soit victime d’ostracisme, de violence par simple fait de faciès. On ne peut pas fonder un Etat viable si on a pas le respect de l’autre ».
Face à « l’inertie » du pouvoir central à assurer la sécurité d’une partie de la population (ndlr : les Kinyarwandais), « nous avons pris nos responsabilités », souligne l’émissaire de Laurent Nkunda. Toujours est-il que « notre objectif n’est pas la balkanisation du Congo », tient-il à préciser. « Nous nous battons pour un idéal, l’unité du pays ». Car, poursuit Basile Diatezewa, « nous acceptons la légitimité du pouvoir actuel, seulement s’il est incapable d’assurer une politique de sécurité intégrative, nous avons le droit de changer l’ordre établi en refondant un Etat, des institutions appropriées ».
Revenant sur le blocage des négociations avec le gouvernement de Kinshasa, le chef de mission du Cndp a réitéré la volonté d’avoir des négociations directes avec le pouvoir central à la place des négociateurs de second rôle. « On nous a dépêché des responsables du Nord-Kivu sans mandat, ce que nous rejetons », justifie-t-il. Réagissant à un récent rapport de l’Onu sur l’implication financière et militaire du Rwanda, Omar Basile Diatezwa se veut catégorique : « l’Onu est un instrument politique, nous contestons ce rapport sans fondement, car nous n’avons pas besoin de l’aide du Rwanda que nous considérons comme un partenaire objectif contre les génocidaires hutus au Congo ».
Quant à la question du nerf de la guerre (argent), il souligne que leurs ressources viennent de la cotisation de chaque militant, des populations. « Nous nous débrouillons pour habiller nos soldats et nous avons une réserve qui nous permet de soutenir une guerre pendant 15 ans », dit-il.