RDCongo: l’ONU insiste sur la “nécessité absolue” d’éviter des pertes civiles.

AFP

06/12/07

 

GOMA (AFP) — La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) a souligné vendredi la "nécessité absolue" d'éviter des pertes civiles au Nord-Kivu (est), où des milliers de déplacés risquent d'être pris en étau dans des combats entre armée et insurgés.

"Il est d'une nécessité absolue d'éviter tous dommages collatéraux dans l'emploi de l'artillerie" par les Forces armées congolaises (FARDC) qui progressent vers les bastions du général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda, a alerté le général sénégalais Babacar Gaye, lors d'un point presse à Goma, capitale du Nord-Kivu.

"C'est pourquoi la situation des populations à Kirolirwe est un souci majeur pour nous. Nous continuons à insister sur ce point auprès des FARDC. Nous avons des raisons de penser que nous serons écoutés", a-t-il poursuivi.

Après trois mois d'affrontements réguliers au Nord-Kivu, les FARDC ont lancé lundi une vaste offensive contre les quelque 4.000 soldats insurgés ralliés à l'ex-général, bombardant abondamment leurs positions.

L'armée, qui a déployé plus de 20.000 hommes dans la région, a repris plusieurs localités à environ 40 km au nord-ouest de Goma, et continuait vendredi à progresser en direction des bastions des insurgés, à Kirolirwe et Kitchanga (50 à 70 km de Goma).

Plus de 14.000 déplacés, très majoritairement Tutsis, sont réfugiés dans un camp à Kirolirwe et plus de 18.000 autres à Kitchanga, deux localités où la Monuc a installé une base mobile, pour protéger les populations et accueillir d'éventuelles redditions d'insurgés.

"Hier (jeudi), nous avons demandé au gouverneur (de la province) de lancer un appel aux déplacés pour qu'ils quittent les zones de combat", a indiqué le général Gaye, soulignant qu'aucune décision d'évacuation des déplacés ne pouvait être décrétée sans "consultations" préalables entre populations, humanitaires et militaires.

L'ex-général Nkunda a, lui, accusé les FARDC d'utiliser "une puissance de feu absolument disproportionnée" contre ses troupes, affirmant que les civils en étaient les "plus grandes victimes", dans un communiqué.

Il a dénoncé un "chantage" de l'armée incitant, selon lui, les civils à fuir les zones sous son contrôle "sous peine de subir des bombardements intenses", et s'engage à "sécuriser tout convoi humanitaire" dans son secteur.

Selon plusieurs sources humanitaires et militaires, Laurent Nkunda s'est rendu plusieurs fois dans le camp de Kirolirwe pour demander aux déplacés d'y rester, alors que les combats se rapprochent de sa base.

Tutsi congolais, l'ex-général Nkunda se pose depuis des années en défenseur de sa communauté contre les rebelles hutus rwandais installés dans l'est du pays et dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis.

Visé par un mandat d'arrêt pour crimes de guerre, il refuse catégoriquement de déposer les armes en dépit d'appels répétés de Kinshasa, de la Monuc et d'intenses pressions diplomatiques, notamment américaines.

Il affirme détenir "des preuves de l'utilisation par le gouvernement (du président Joseph) Kabila des forces génocidaires (…) en qualité de supplétifs et de fer de lance des FARDC".

Nkunda a aussi accusé Kabila d'avoir sciemment fait échoué toutes les tentatives de résolution pacifique des conflits au Nord-Kivu. "Aucun Congolais digne et patriote ne devrait le laisser faire", a conclu l'officier dissident, qui jusqu'à présent s'était gardé de remettre en cause la légitimité des institutions élues en RDC.

Vendredi soir, les combats avaient cessé, après quelques affrontements dans la journée autour de Kibati, localité à une dizaine de kilomètres au sud de Kirolirwe, selon des sources congolaises.

 

Agence France Presse

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