Antoinette K. Kankindi
Nairobi, 21/09/07
Le quotidien sponsorisé par la femme forte de Kinshasa fait encore usage d'un titre qui vend avec succès : « Désarmer Nkunda », fait-on dire au président de l'Assemblée Nationale. Le quotidien estime que c'est l'activisme du Général Nkunda qui aurait des répercussions négatives au niveau national et régional. On comprend vite qu'on a recours aux sentiers battus pour égarer encore une fois l'opinion nationale et internationale. Mais quand même ni l'une ni l'autre n'ignore que ce sont les FDLR qui incarnent la déstabilisation aussi bien du pays que de la région. Il ne faudrait plus continuer de chercher midi à quatorze heures à ce sujet. Tout monde a lu cette semaine l'article diffusé sur le site de yahoo portant le témoignage des enfants soldats que les FARDC et leurs alliées FDLR ont enrôlés pour combattre contre les forces du CNDP. Ce dernier s'occupe maintenant de les nourrir d'abord puisqu'ils sont surtout affamés. Le tour d'horizon du président de l'Assemblée tel que communiqué par le Potentiel laisse à désirer. En ce qui concerne l'instabilité au Nord-Kivu, on croirait que c'est l'un des députés Magrivi qui parlait : désarmer ceux qui ne veulent pas aller au brassage, intimer –à partir du palais du peuple à Lingwala- aux militaires rwandais de rentrer chez eux et finalement, proposer une concertation entre ressortissants locaux et autres pour trouver des voies de réconciliation. C'est du délire. Y a-t-il des militaires rwandais au Kivu ? Non, il y a des génocidaires qui tuent les congolais et qui veulent déstabiliser leur pays à partir du Congo. Cela tout le monde le sait, à l'exception, apparemment des élus du peuple et du gouvernement qui en a fait ses alliés pour martyriser son propre peuple. On les a accueilli au Congo et on leur a donné la base pour mener à bien leur sale mission, et maintenant on leur donne ouvertement tous les moyens logistiques. Le parlement ne trompe personne en disant tranquillement qu'il les invite à partir.
Et que dire de la concertation entre ressortissants locaux et autres. Devons-nous comprendre que ces « autres » c'est toujours les FDLR, car les congolais sont « ressortissants locaux » partout à travers toute la République ? Si non il ne faut pas se targuer de défendre l'unité nationale quand on fait ce genre d'insinuation confuse. C'est encore une fois la stratégie excluant du régime qui laisse entendre là toute l'ambiguïté mortelle qui mine la destinée pas seulement de la province du Kivu, mais de tout le pays, et pire, et des pays voisins ! Il n'y a vraiment pas une seule possibilité de donner un bénéfice de doute à l'Assemblée ou son président, selon le rapport du Potentiel. Si cette concertation est sensée agir dans le sens de la réconciliation nationale, disons tout suite que c'est plutôt faible et balbutiant. L'échec de la réconciliation nationale antérieure, qui a, en plus, entraîné l'échec de l'intégration de l'armée était dû à ce manque de vision et, au fond, de conviction droite qui caractérise le leadership en RDC. Le processus imaginé sans méthode efficace depuis l'époque de la transition est en train de porter les fruits amers d'aujourd'hui, car l'exclusion, l'intolérance, la corruption et la politique du ventre l'ont minée depuis le départ. Ce que le CNDP disait dans son cahier de charges il y a presque deux ans s'est avéré exact. Alors les propos rapportés par le Potentiel continuent de sonner comme coquille vide, démontrant par là que le tour d'horizon du président de l'Assemblée est erroné et complaisant, tout comme les propos de Kabila à Sake avant-hier et aux médias il y a une semaine.
La RDC est en train de payer très cher le dessein de la françafrique qui a introduit la manipulation constitutionnelle que nous connaissons aujourd'hui, avec le processus électoral mensonger qui en a résulté. Au lieu d'avoir des institutions légitimement engagées dans le développement du pays, nous en avons qui attisent les feux détruisant le pays presque inexorablement s'il n'y avait pas encore quelques fils du pays déterminés à ne plus se laisser tromper. Face aux signes de démocratie césarienne que montrent les nouvelles institutions congolaises et malgré le tintamarre assourdissant des médias, il faut établir les droits, les griefs et les revendications d'une démocratie loyale qui ne peut reposer sur le mensonge, ni les échappatoires. Le peuple est conscient que l'Assemblée Nationale, par exemple, va adopter une stratégie d'expédient, au jour le jour, à coup de déclarations sans véritable contenu. Pourra-t-elle éviter d'affronter le cas du chef de l'opposition indéfiniment ? Lui suffira-t-elle d'inviter le ministre des finances à réunir les enseignants dans des syndicats pouvant participer aux discussions budgétaires de 2008 pour résoudre la misère de nos enseignants, remonter le niveau de la qualité de nos écoles, et ainsi maintenir l'électorat content et satisfait ? Réussira-t-elle à éviter indéfiniment d'affronter le drame militaire de l'armée congolaise et l'incapacité du gouvernement à gérer sa reforme ?
Féliciter Joseph Kabila qui, paraît-il se bat bec et ongles, pour remplir ses promesses au peuple en ce moment précis est d'un cynisme douloureux pour ceux qui attendent de voir ses fameux chantiers démarrer. Mais c'est normal, une majorité doit flatter son chef. Même la Monuc le flatte quand elle va exhumer les corps des congolais tués par les génocidaires, avec la malice de mettre cela sur le dos du bouc émissaire de tous les maux congolais ! Sacrée Monuc, elle aussi travaillant pour la françafrique. On n'est vraiment pas sorti de l'auberge de misère !
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