RFI
25/11/09
Dans un rapport confidentiel dont RFI a obtenu une copie, des enquêteurs des Nations unies révèlent le fiasco des opérations militaires menés contre les rebelles hutus dans l’est de la République démocratique du Congo. Des vérités qui dérangent dans un contexte politique tendu. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit évoquer ce mercredi l'embargo sur les armes en RDC.
Il est parfois plus facile de manoeuvrer sur les collines des Kivus qu'au siège des Nations unies. C'est en substance ce que doivent se dire les enquêteurs de l'ONU chargés de surveiller l’embargo sur les armes à destination de la République démocratique du Congo.
Dans leur rapport, ces experts indiquent que les opérations militaires menés contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans le Nord et le Sud-Kivu n'ont pas permis de démanteler la rébellion hutue. Bien au contraire. Pour se venger, les rebelles ont multiplié ces derniers mois les crimes contre les populations de l'Est congolais.
Premier pays à être monté au front contre le contenu de leur dernier rapport : l'Ouganda. Kampala siège en ce moment au Conseil de sécurité et n'apprécie pas du tout d'être désigné comme l'un des hauts lieux de transit de l'or exploité illégalement par les FDLR dans l'est de la RDC.
La Chine
Selon nos informations, la Chine, qui est notamment pointée du doigt pour des ventes d'armes à Kinshasa, a également tout fait pour retarder la publication du rapport. Manoeuvre dilatoire à peine voilée, Pékin a demandé à ce que le document soit traduit dans les quatre langues des membres permanents du Conseil avant d'être étudié.
Les puissances occidentales
Le rapport gêne également la France, les Etats-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne. Par exemple, Paris n'a jusque-là jamais voulu transmettre aux enquêteurs la moindre information sur les FDLR vivant en France, Washington bloque toujours lorsqu'il s'agit de coopérer sur les comptes bancaires américains du CNDP et Londres accepte mal de voir des hommes d'affaires britanniques impliqués dans des trafics de minerais publiquement indexés.
Pour se consoler, les experts de l'ONU peuvent au moins se dire qu'une de leurs recommandations a été prise en compte : l'arrestation la semaine passée en Allemagne d'Ignace Murwanashyaka et de Straton Musoni, les deux leaders des FDLR. Leur enquête n'a peut être pas servi à rien.
Les grandes lignes du rapport
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Les combattants FDLR ne sont présents que dans les Kivus mais ils disposent en revanche de connexions internationales. D'après les enquêteurs des Nations unies, ils ont pu s'approvisionner en armes et en munitions grâce à des contacts avec des officiers de l'armée congolaise mais surtout ils bénéficient d'appuis très hauts placés au Burundi et en Tanzanie. Le Burundi leur sert de base arrière et leur permet avec l'Ouganda de faire transiter sans difficulté l'or qu'ils exploitent dans les Kivu. Concernant le rôle des leaders en exil des FDLR récemment arrêtés, le panel démontre qu'Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni sont impliqués dans des transferts d'armes et le blanchiment d'argent issus des ventes illégales de minerais. Les deux hommes prenaient dans les faits toutes les décisions importantes du mouvement, y compris les plus funestes. Toujours sur la situation dans l'Est de la RDC, les enquêteurs de l'ONU estiment que l'intégration du CNDP dans l'armée n'est pas encore effective. L'ex-rébellion continue de prélever des taxes et conserve des caches d'armes. Pourtant, son nouveau chef, Bosco Ntaganda, est dans les faits le commandant en second de l'opération anti-FDLR au Sud-Kivu. Enfin, concernant le réchauffement des relations diplomatiques entre Kigali et Kinshasa, les experts démontrent qu'il s'agit en fait davantage d'une collusion pour des intérêts économiques. |
RFI