AFP

22/05/08

Le colonel Faustin Sebuhura, officier des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), a été rapatrié mercredi, sur base du volontariat, de République démocratique du Congo (RDC) au Rwanda, où il est accusé de crimes de génocide, a annoncé jeudi l'ONU.

La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) "a rapatrié hier au Rwanda, sur base volontaire, le colonel Faustin Sebuhura, alias Minani, important commandant de la branche armée des FDLR (Foca) et conseiller politique du chef des Foca Sylvestre Mudacumura", a déclaré à l'AFP Sylvie van den Wildenberg, sa porte-parole au Nord-Kivu (est).

Cet officier des Foca, âgé de 45 ans, s'est rendu à la Monuc à Nyabiondo, localité du Nord-Kivu et "a choisi de rentrer en dépit des accusations qui pèsent sur lui pour crimes de génocide", a-t-elle poursuivi.

Il a été remis à des agents de la commission nationale rwandaise en charge du rapatriement et de la réinsertion des anciens combattants.

En avril 1994, Faustin Sebuhura était officier de la gendarmerie rwandaise à Gikongoro (Rwanda). Il est soupçonné d'être impliqué dans la planification du massacre de milliers de Tutsis dans une école où ils s'étaient réfugiés à l'instigation de la gendarmerie.

Il est également accusé d'avoir pris part à certaines tueries et d'avoir fourni des armes aux milices extrémistes hutues Interahamwe dans les villes rwandaises de Gikongoro, Butare et Gitarama.

Après le génocide – qui a fait 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement des Tutsis mais aussi des Hutus modérés – et l'instauration d'un régime dominé par la minorité tutsie à Kigali, Sebuhura a fui au Zaïre voisin, comme des dizaines de milliers de civils hutus et des génocidaires.

Basées dans l'est congolais, les FDLR regroupent quelque 6.000 combattants, dont certains ont participé au génocide rwandais.

La Monuc "espère que la décision de cet important officier servira d'exemple et entraînera le retour volontaire d'autres combattants, y compris d'autres importants commandants des Foca".

Selon des sources onusiennes au Nord-Kivu, Sebuhura était "malade" et "très affaibli", ce qui pourrait en partie expliquer sa reddition – qui devrait lui permettre de recevoir des soins appropriés.

En novembre 2007 à Nairobi, RDC et Rwanda avaient signé un communiqué conjoint où Kinshasa s'engageait à préparer un plan pour le désarmement et le rapatriement, de gré ou de force, des rebelles rwandais.

La première phase de ce plan consiste, depuis début 2008, en une période de sensibilisation au retour, mené notamment par les équipes de la Monuc en charge de la démobilisation et du rapatriement des combattants étrangers (DDRRR).

Depuis janvier, la Monuc a rapatrié quelque 300 combattants hutus rwandais issus de différents groupes (FDLR, RUD, Alir…), soit une augmentation de 25% du nombre de rapatriés volontaires par rapport à la même période l'an dernier. Depuis 2002, la Monuc a rapatrié près de 6.500 combattants hutus rwandais.

AFP