RDC : Un échec cuisant pour célébrer la victoire électorale!

Antoinette K. Kankindi

Orléans, 5/12/07  

Bilan 

Le Raïs et son alliance majoritaire sont sans doute en train de préparer la célébration du premier anniversaire de leur victoire électorale de l’année dernière. Leur anniversaire et pas celui du peuple. Celui-ci a eu toute une année pour constater le désastre annoncé par le CNDP quand en Octobre 2006, il prévenait tout le monde contre la démocratie de façade, par élections biaisées interposées, que le CIAT, la MONUC, l’UE et l’UA fabriquaient pour la RDC. Maintenant le peuple congolais sait qu’il a été trompé sur toute la ligne. Il l’a senti depuis les tous premiers affrontements qui ont eu lieu entre les deux scrutins, il en a eu confirmation quand le régime de Kabila et ses parrains ont violement et définitivement calculé la décapitation de l’opposition issue des élections marquées par une corruption à outrance. Le peuple s’est vu trompé dans la structure et l’ineptie du gouvernement Gizenga I et plus récemment Gizenga II qui ne change rien à la chose, puisqu’il s’agit d’un gouvernement de replâtrage pour paraphraser le mot célèbre de Clemenceau.

Plus encore, le peuple s’est vu outrageusement trompé par les dérives dictatoriales de Kabila que les puissances étrangères, qui se disent démocratiques observent avec condescendance sous pretexte que notre nouveau dictateur tienne sa légitimité des urnes, et quelles urnes ! Celles qui ont été supervisées par les forces génocidaires rwandaises au moins à l’Est, armée supplétive du gouvernement de Kinshasa. L’horreur nazie n’émeut plus le monde 60 ans après. C’est le comble de l’amnésie. L’ONU sait que Kabila est allié aux génocidaires et, au lieu de dénoncer ce scandale, elle-même travaille en collaboration avec eux pour l’appuyer dans sa politique contre le peuple congolais. C’est même l’Allemagne qui sert de base opérationnelle pour le chef des génocidaires africains, qui de là accède à tous les médias, reçoit soutien financier et autre. Allez y comprendre quelque chose. 

Le Raïs et sa majorité ont fait de tout pour tromper le peuple, depuis le mensonge des cinq chantiers jusqu’aux tentatives de tripatouillage constitutionnel frisant le ridicule, notamment la prétention du Chef de l’État de faire partie du Conseil Supérieur de la Magistrature. Sans oublier la fameuse question de la double nationalité nébuleusement gardée au stade de Moratoire à durée indéterminée, de telle sorte que les institutions de la République soient aujourd’hui animées par bien d’étrangers. On peut passer sous silence les coups bas que le pouvoir a infligés à la souveraineté nationale avec la cession de Kahemba, les contrats dits léonins et le remplacement de l’armée nationale par des effectifs angolais et des effectifs FDLR. Le bilan est désespérant si exprimé exhaustivement. Venons-en à l’échec cuisant que le Raïs a voulu s’offrir en guise de cadeau d’anniversaire de sa victoire électorale. On pourrait même dire que c’est le plus bel échec de son activité présidentielle tant et si bien qu’il ait, de manière acharnée, envers et contre tout bon sens, voulu chiffrer toute son action dans cet échec. Il s’agit bien évidement de son approche à la question sécuritaire dans l’Est de la RDC. Pourquoi Kinshasa a échoué dans son approche à la problématique sécuritaire à l’Est ?  

 

Les raisons de l’échec 

1)      D’abord pour les mêmes raisons que l’échec de l’AFDL. Comme son père, le Raïs a adopté l’autocratie et l’amateurisme dans la conduite des affaires publiques, sous l’œil bienveillant de mauvais conseillers qui représentent ses parrains sur place. Il s’est allié les génocidaires qui sont la cause du problème, moyennant quoi il ne peut jamais donner juste dans la solution. C’est l’alliance avec les génocidaires qui lui fait croire que seule l’option militaire peut résoudre le problème, mais cela est impossible, comme ses généraux le constatent depuis des mois.

2)      Ensuite par le fait de suivre des sirènes suicidaires. La plus dangereuse de toute c’est sans doute la MONUC d’une part, et d’autre part les médias inféodés à l’agenda de divers prédateurs. Tout le monde sait que la MONUC n’a rien d’une force de paix car occupée au trafic de matières premières et renseignements pour les FDLR, d’un côté, et de l’autre, déterminée à appuyer Kabila dans sa guerre contre les peuples du Kivu avec la bénédiction des députés originaires de cette Province. Le raïs croit les médias quand les journalistes affirment des aberrations comme la menace d’exil contre les dissidents. Mais on ne sanctionne pas d’exil ceux qui réclament des droits civils. Mme Rice et son assistante Frazer auxquelles les journaux attribuent ces menaces savent très bien que les droits civils et politiques se négocient. Dans leur pays ces batailles se mènent à l’assemblée, on n’envoie pas en exil un citoyen parce qu’il exige que le pouvoir assume ses responsabilités. Et elles n’ont de toute façon pas d’autorité pour envoyer des congolais en exil. On espère même que celui de Bemba soit écourté le plus tôt possible.

3)      Finalement par le fait d’avoir voulu combattre exclusivement le CNDP au lieu d’honorer les différents engagements internationaux qui l’obligeaient à désarmer et rapatrier les FDLR. Il sied de rappeler ici l’erreur monumentale de considérer les forces du CNDP comme des forces négatives. Ça c’est une idée de Sylvie Van der Wiltemberg et les agents de la françafrique au sein de la MONUC. Évidement c’est le plus rapide raccourci pour éviter de répondre aux revendications du CNDP. Ses forces sont des forces nationales non intégrées. Elles se battent pour le droit des minorités, et pour une intégration de l’armée plus adéquate et dans les conditions unificatrices et réconciliatrices encore inexistantes. C’est la MONUC et ses alliés FDLR qui ont convaincu le raïs de considérer les forces du CNDP comme négatives, dans le but justement d’empêcher la RDC de traquer les forces négatives réelles.  

Depuis des mois le gouvernement avec l’appui militaire de la MONUC et de l’Angola déploie plus de 20.000 hommes pour combattre 4.000 troupes du CNDP au Nord-Kivu. La disproportion des forces aurait assuré une victoire certaine. Mais celle-ci se fait attendre. Désolé, le Raïs va devoir se contenter d’un échec cuisant pour l’anniversaire de sa victoire électorale. Et les congolais devront constater une fois de plus que la guerre contre Nkunda dans le Nord-Kivu n’a d’autre raison d’être que les distraire. Le jour viendra où il se rendront compte que l’ennemi public numéro un n’est pas Nkunda, mais bien un leadership corrompu. C’est à l’heure tragique où le destin frappe à la porte que l’on reconnaît les hommes de courage, absolument à l’opposé des lâches. Les hommes qui prétendent diriger la RDC pourraient faire montre de courage en reconnaissant que le recours à la force a échoué, et que la négociation s’impose avec urgence.

 

On ne perd jamais la face à négocier, mais on la perd en tuant son peuple.

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