AFP
21/12/11
KINSHASA (AFP) – L'opposant Etienne Tshisekedi, autoproclamé "président élu" de la RD Congo après avoir rejeté les résultats de la présidentielle, maintient sa "prestation de serment" vendredi dans un stade de Kinshasa, trois jours après l'investiture du président réélu Joseph Kabila.
Amnesty International a par ailleurs dénoncé mercredi "une vague d'arrestations politiques" dans le pays, notamment d'opposants, depuis les élections du 28 novembre.
Annoncée dimanche par M. Tshisekedi lui-même, sa prestation a été confirmée mercredi à Kinshasa par voie de tracts appelant les Congolais à venir "nombreux assister à la cérémonie de prestation de serment du président élu de la République démocratique du Congo", vendredi.
Le rendez-vous est fixé à 10H00 (09H00 GMT) au stade des Martyrs, le plus grand de la ville avec 80.000 places, est-il précisé sur le petit imprimé avec en fond le visage du leader de 79 ans et au bas son slogan: "Le peuple d'abord!".
"Nous avons programmé d'aller au stade. Si (le chef de l'Etat Joseph) Kabila veut opposer des chars à la population, ce sera de sa responsabilité", a confirmé à l'AFP Jacquemin Shabani, secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de M. Tshisekedi.
Depuis dimanche, des blindés de la Garde républicaine sont positionnés aux abords du stade de Martyrs, et dans quelques autres lieux de la capitale.
M. Kabila a officiellement été réélu avec 48,95% des suffrages, contre 32,33% à son rival Etienne Tshisekedi, arrivé second devant neuf autres candidats lors du scrutin à un tour.
Le leader de l'UDPS s'est autoproclamé "président élu" après avoir rejeté les résultats du scrutin, entaché de nombreuses irrégularités dénoncées notamment par des missions d'observation, les Etats-Unis, la France et l'Union européenne.
Mardi, Joseph Kabila, proclamé réélu pour un second quinquennat par la Cour suprême de justice, a été officiellement investi et a prêté serment à Kinshasa.
La cérémonie a été marquée par l'absence des chefs d'Etats africains invités, à l'exception du Zimbabwéen Robert Mugabe, qui a jugé la victoire de Kabila "éclatante et démocratique".
Vendredi, au stade de Martyrs, des personnalités doivent être conviées mais "nous n'allons pas inviter de chefs d'Etat, on va se limiter à leurs représentations diplomatiques ici", a précisé M. Shabani.
Interrogé pour savoir si une autorisation avait été demandée auprès des autorités locales, M. Shabani a répondu: "Vous n'imaginez tout de même pas que le président de la République va demander l'autorisation à quiconque pour faire une manifestation?".
Depuis le 9 décembre, jour de l'annonce des résultats provisoires donnant déjà Kabila vainqueur et où des violences avaient éclaté dans la capitale, les rassemblements d'opposants sont systématiquement dispersés par la police, comme dans quelques villes de l'est du pays.
Amnesty International a demandé mercredi aux "forces de sécurité" congolaises de "mettre fin à une vague d’arrestations politiques, et en particulier aux arrestations arbitraires et illégales".
L'ONG britannique a évoqué dans un communiqué des "dizaines d'arrestations" concernant "des civils, des journalistes, des avocats et des responsables de l'opposition politique, mais aussi des agents des forces de sécurité" originaires des "fiefs de l'opposition".
"Les forces de sécurité congolaises semblent profiter du climat de tension et d’incertitude (…) pour mener cette série d’arrestations politiques (…) qui menacent d’étouffer la liberté d’expression et de réunion", a déclaré Paule Rigaud, directrice adjointe Afrique d'Amnesty, citée dans le communiqué.
Le Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l’Homme (BCNUDH) s'est dit "préoccupé par le nombre d’arrestations arbitraires (…), ainsi que par les allégations de mauvais traitements dans différents lieux de détention", dans un communiqué.
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