RDC: tentative de putsch au CNDP, son chef d’état-major mis en accusation.

AFP

06/01/08

 

Goma (AFP)- La rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) a mis en cause mardi son chef d'état-major, Bosco Ntaganda, accusé de "haute trahison" pour avoir tenté de destituer et remplacer le chef rebelle tutsi Laurent Nkunda.

"C'est une haute trahison de notre chef d'état-major" le général Bosco Ntaganda, a déclaré à l'AFP le porte-parole militaire de la rébellion, le lieutenant-colonel Séraphin Mirindi.

Lundi, dans un communiqué transmis à la radio BBC, un groupe d'officiers du CNDP avait affirmé avoir démis de ses fonctions Laurent Nkunda pour "mauvaise gouvernance".

Ce communiqué était signé du chef d'état-major du CNDP et un porte-parole de ce groupe d'officiers, Désiré Kamanzi, s'était exprimé sur la BCC, affirmant que la décision avait été prise dimanche au cours d'une réunion du haut commandement militaire de la rébellion.

L'information avait été démentie par le numéro deux de l'état-major rebelle, le colonel Makinga Sultani. Plusieurs responsables du CNDP avaient en outre indiqué ne pas être informé d'une telle décision.

"Rien n'a changé au CNDP, le chairman (président) est toujours Laurent Nkunda. Le mouvement reste intact, ses organes continuent à fonctionner normalement", a assuré mardi son porte-parole militaire.

 

Signe de cette apparente normalité, une délégation du CNDP est partie comme prévue mardi pour Nairobi où elle doit reprendre jeudi des négociations avec le gouvernement congolais entamées mi-décembre et suspendues pour les fêtes de fin d'année.

"La déclaration de Bosco Ntaganda n'engage que lui, mais c'est une déclaration grave que nous déplorons", a poursuivi le lieutenant-colonel Mirindi. Le haut commandement militaire du CNDP se réunit mardi "pour écouter ses explications et statuer sur son sort".

La rencontre aura lieu en présence de Laurent Nkunda à Rutshuru, ville sous contrôle rebelle à environ 60 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.

Elle pourrait aboutir au limogeage du chef d'état-major rebelle, et peut-être même à son arrestation par le CNDP qui aurait alors la possibilité de le remettre à la Mission de l'ONU en RDC (Monuc).

Le général Ntaganda est en effet recherché par la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis un mandat contre lui notamment pour des enrôlements d'enfants dans la province d'Ituri (nord-est) en 2002-2003.

Mardi en fin de matinée, aucun incident majeur entre factions du CNDP n'était à signaler en territoire rebelle, selon le porte-parole militaire de la Monuc, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.

Dominé par les Tutsi congolais, le CNDP contrôle une grande partie de la province du Nord-Kivu et a infligé de sévères défaites à l'armée gouvernementale depuis la reprise fin août des hostilités à grande échelle dans l'est de la RDC.

Bosco Ntaganda est habituellement basé dans le territoire du Masisi, au nord-ouest de Goma, et cristallisait depuis longtemps l'opposition interne au général Nkunda. Sa tentative de renverser le "chairman" Nkunda révèle au grand jour les dissensions au sein de l'appareil militaire tutsi du CNDP, coeur du mouvement rebelle.

Elle peut s'expliquer de plusieurs façons: méfiance face au rôle croissant des politiques au CNDP, hostilité à une stratégie d'ouverture envers les Hutu congolais, ou possible mise en cause de Ntaganda au sein même du CNDP pour son rôle dans des tueries commises par les rebelles en novembre à Kiwanja.

Fin octobre, un communiqué portant la signature du chef d'état-major avait annoncé la mort de Laurent Nkunda et son remplacement par Ntaganda lui-même.

Le document s'était révélé être un faux, et l'annonce de la mort de Nkunda une manipulation. Malgré l'incident, le général Ntaganda avait conservé ses fonctions.

 

 

AFP

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