Antoinette Kankindi
Nairobi, le 08/03/07
La trouvaille verbale acclamée du Président Kabila qui annonçait triomphalement la fin de la recréation et probablement le début d’une nouvelle époque aurait convaincu même les plus sceptiques si elle n’avait pas été systématiquement démentie par trop de coïncidences qui n’ont cessé depuis lors d’étonner ceux qui aiment vraiment le pays. L’indication la plus exacte de la persistance de la recréation est, à mon avis, le constant recours aux manœuvres de distraction de tout acabit. La dernière en date est le retrait de la garde militaire aux anciens vice-présidents de la transition. La question qui peut sembler légitime, est surtout d’une légèreté inquiétante. Nous avons encore en mémoire les images de Kinshasa du mois d’août 2006. La sécurité à Kinshasa est problématique comme partout ailleurs. Ce retrait sans délai peut être facilement interprété comme une manière de vouloir affaiblir des acteurs politiques qui sont en réalité des adversaires. C’est comme un raccourci pour se débarrasser d’eux. D’autres interprétations sont possibles.
Cependant, la préoccupation majeure que soulève cette mesure intempestive n’est pas la sécurité des anciens vice-présidents. C’est surtout cette tactique distrayante qui, somme toute, manipule le peuple pour l’endormir et l’empêcher de soulever des questions plus pressantes. L’on pourrait dire sans trop de se tromper que nous avons là une nième preuve du fait que le leadership de notre nouvelle démocratie excelle dans l’art de traiter des non-problèmes pour éviter à tout prix d’affronter les vrais. Le kinois de la rue a une sensibilité qui réagit instantanément depuis qu’il a assimilé l’idéologie de la haine. Son imagination sera absolument embourbée dans cette question de retrait des militaires et il ne questionnera pas les menaces inquiétantes comme les suivantes : les FDLR attaquent leur pays d’origine à partir du sol congolais sous la barbe de la MONUC, Kahemba est occupé et pour cause, le drapeau angolais bat aujourd’hui pavillon sur le sol congolais, l’affaires des morts du Bas-Congo est en train de sombrer dans les oubliettes, Me Nlandu continue de croupir dans la prison, une violation de la constitution est en cours à l’Assemblée nationale, des contrats miniers louches continuent d’être signés etc…Il y a là de quoi provoquer un soulèvement populaire si le peuple n’était pas endormi par ses manipulateurs qui sont de vrais artistes à ce sujet.
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