AP
12/12/08
Le président français Nicolas Sarkozy s'est montré très sceptique vendredi sur la nécessité d'envoyer une mission européenne en République démocratique du Congo (RDC), suggérant plutôt d'y déployer des force africaines.
"En RDC, le problème n'est pas du tout que l'Europe ne veut pas y prendre sa part. L'Europe est prête à y prendre sa part", "on ne veut pas ne rien faire", a-t-il assuré à l'issue d'un sommet de l'UE, qu'il préside jusqu'à la fin de l'année.
Mais "je fais deux remarques: quand il y a déjà 17.000 soldats (de l'ONU) et qu'on m'explique qu'il n'y en a que 800 qui servent, je me demande si c'est la peine d'en envoyer 3.000 de plus".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a officiellement demandé la semaine dernière à l'UE d'envoyer une force relais en RDC, en attendant le déploiement des 3.000 Casques bleus de la mission des Nations unies (Monuc) qui "prendra jusqu'à quatre mois". Mais l'UE est pour l'instant très réticente.
"Deuxième remarque, le président (angolais José Eduardo) dos Santos m'a dit que l'armée angolaise – et vous connaissez son efficacité – est prête à s'engager pour la paix à condition que ce soit sous mandat de l'ONU", a ajouté M. Sarkozy.
"Est-ce qu'il ne vaut pas mieux faire appel d'abord à des forces régionales quasiment installées qu'à des forces européennes?", a-t-il continué.
L'Angola est un allié fidèle de la RDC voisine: son armée est intervenue pour soutenir le gouvernement de Kinshasa pendant la guerre régionale de 1998-2003 dans l'ex-Zaïre, contre la coalition dont faisait partie le Rwanda.
Et même s'il a refusé d'intervenir directement au Nord-Kivu en novembre dernier, le président dos Santos a plusieurs fois déclaré son soutien ces dernières semaines au président congolais Joseph Kabila dans sa lutte contre la rébellion dans l'est.
Reprenant un argument avancé par de nombreux Etats membres de l'UE, qui justifient leur réticence à l'envoyer cette force européenne par le fait qu'ils ont déjà de trop nombreux soldats déployés dans le monde, le président français a également souligné que l'UE "ne peut pas aller partout, toujours, sans limite".
Concernant la France elle-même, il a noté que des soldats français participaient à l'opération européenne au Tchad et en République centrafricaine. Et "on nous a dit +c'est une nouvelle opération Françafrique de la France+, je ne vois vraiment pas comment on peut nous reprocher de ne pas vouloir être présent en RDC", a souligné M. Sarkozy.
"S'il s'agit d'aider avec un pont aérien, pour des vivres, de l'humanitaire, pourquoi pas?", a-t-il malgré tout concédé.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait pourtant été le premier, avec son homologue belge Karel De Gucht, à réclamer il y a plusieurs semaines la mise sur pied d'une force européenne pour aider la Monuc dans l'est de la RDC.
Profitant de ce débat, M. Sarkozy a souligné sa volonté d'avoir "un jour" une discussion "sur la présence des armées françaises en Afrique".
"Par exemple, en Côte d'Ivoire, où j'attends les élections avec impatience", a-t-il ajouté, alors que 1.800 soldats français de l'opération Licorne aident l'ONU à sécuriser le processus électoral dans le pays.
"Qu'on redéploie nos soldats au service de la paix dans d'autres régions d'Afrique ou d'ailleurs… On connaît nos responsabilités, on ne peut pas tout faire".
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