La Congolité retarde l’annonce des résultats de l’élection des gouverneurs pour les deux Kasaï. Pour motif la CEI évoque la double nationalité des candidats. Etonnant, sachant que la question de la nationalité a versé beaucoup de sang et d’encre tout au long de la transition-recréation qui vient juste de s’achever. Quid des députés à double nationalité élus et non inquiétés par une quelconque invalidation ? Veut-on aussi demander au bureau de l’assemblée nationale de décortiquer les dossiers des honorables si l’on tient réellement à appliquer la loi dans toute sa rigueur. Ce problème ne se pose qu’aux deux Kasaï, pourquoi? Et comme par hasard ne concerne que les candidats du MLC ? A la CEI d’éclairer l’opinion, elle a eu à admettre ces candidatures, autorisant ces personnes aujourd’hui misent en doute à battre campagne en toute confiance. Veut-on donner une occasion au Formateur Antoine Gizenga de retarder la publication de son éléphantesque gouvernement ? Ceci rappelle l’annulation en 1981 par la deuxième république, des élections législatives et locales dans les deux Kivu. Annulation ayant provoqué des graves tensions et engendrer deux guerres dites de libération. Les deux Kivu ont eu le malheur d’avoir une frontière commune avec un pays voisin, partageant avec ce dit pays, langue et culture. La lutte de positionnement pendant les élections a toujours été la source d’exclusion ou d’invalidation, cela peu après l’accession du pays à l’indépendance à ce jour. Heureusement qu’au Kivu, les armes sont parvenues à régler définitivement la question d’exclusion. D’où viennent subitement ces Kasaïens à nationalité douteuse ? Tout laisse croire que les politiques sont décidés à transférer le champ des tensions du Kivu au Kasaï, région argentière et pourvoyeuses des devises fortes au gouvernement. Il est connu de tous que les durs de l’AMP ne tiennent pas à perdre le contrôle de ces deux provinces, mais cela ne devraient pas être l’occasion d’exclure des Congolais nés pour motif de double nationalité. Qui ne sait pas que la plupart des personnes adoptent une autre nationalité pour raison économique ou simple survie ? Des anciens membres de la diaspora congolaise, revenus au pays, occupent sièges à l’assemblée et au sénat, que dire d’eux ?

A la CEI donc de saisir la cour suprême de justice qui devra apprécier ces cas litigieux, évitant pour le pays un nouveau front inutile. Un long séjour dans la rivière ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile.