AFP
05/04/07
Le ministère public a requis mercredi la peine de mort contre les cinq accusés de l'assassinat d'un journaliste congolais, abattu avec son épouse en novembre 2005 à Kinshasa, a annoncé jeudi l'organisation locale de défense de la presse Journaliste en danger (JED).
Le tribunal militaire de Kinshasa-Matete rendra son verdict le 13 avril, mettant fin à un long procès entamé le 12 juillet 2006, et qui n'aura pas permis de faire éclater la vérité, selon les parties civiles.
Franck Kangundu (allias Franck Ngyke, de son nom de plume), journaliste au quotidien La Référence Plus, et sa femme Hélène Paka ont été tués le 3 novembre 2005 par des hommes armés cagoulés devant leur domicile de Limete, un quartier populaire de l'est de Kinshasa.
Les cinq accusés – trois militaires et deux civils – sont poursuivis pour "assassinat", "tentative d'assassinat", "association de malfaiteurs", "extorsion", "vol d'armes" et "recel" des téléphones des victimes, seuls objets dérobés lors du crime.
Le chef d'accusation principal, initialement le "meurtre", a été requalifié en "assassinat" par le tribunal militaire, qui a retenu la préméditation du crime.
Les avocats des parties civiles "ont déploré la légèreté avec laquelle l'instruction de cette affaire a été menée au niveau tant de la police que du parquet militaire" et regretté "le refus du tribunal de faire droit à leurs nombreuses requêtes tendant à voir certaines personnalités être entendues", selon JED.
Pour les avocats des familles des victimes, "ce procès s'achève sans que l'on puisse connaître les mobiles du crime (crapuleux ou lié au métier de journaliste de la victime) et alors qu'il subsiste encore de nombreuses zones d'ombre".
Les avocats de la défense ont demandé l'acquittement de leurs clients, estimant que l'accusation n'avait pas été capable "d'apporter la moindre preuve de la culpabilité" des accusés, a rapporté JED.
Ils ont affirmé que le procès avait au contraire "dévoilé l'existence d'un autre groupe d'assassins présumés, appréhendés par la police puis relâchés, mais dont les aveux étaient proches de la version des orphelins" du couple Ngyke.
En outre, le principal accusé, le sous-lieutenant Joël Muganda, qui a reconnu avoir utilisé le téléphone portable volé à la victime, a demandé à être jugé seul dans cette affaire, disculpant les quatre autres accusés.
Pour un avocat proche de la famille Ngyke, qui a requis l'anonymat, "ce dossier est vide. La seule preuve de culpabilité est ce coup de téléphone passé par Joël Muganda".
"Toute l'enquête a été bâclée et la police a relâché sans explication une autre bande qui avait passé des aveux circonstanciés, avant de se rétracter.
Il y avait au moins autant de motifs de les poursuivre que ceux qui sont aujourd'hui dans le box", a-t-il déclaré à l'AFP.
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