Antoinette K. Kankindi
Nairobi, 19/05/07
Oui, bomber le torse, montrer les muscles, voici ce qu’aura été le « défilé militaire monstre jeudi à Kinshasa » si l’on se permet d’utiliser ce titre éloquent choisi par l’Express du 18 mai 2007. Le commando suspendu sur une corde accrochée à un hélicoptère en plein vol a du impressionner la foule. Les chars de combat, les blindés, les tanks, l’artillerie lourde, tout cela à coté des divers bataillons de toutes forces confondues en ordre, sans oublier la police nationale, la brigade routière, la police anti-terroriste et, bien entendue, la très redoutable Garde républicaine. Certains témoins disent que même l’arsenal saisi du MLC n’a pas manqué à ce rendez-vous historique. Un spectacle dont le but aura certainement été atteint, encore qu’il faut se demander de quel but il s’agissait vraiment. Les réponses fusent des journaux congolais eux-mêmes. Réponses correctes ou simplement spéculatives, c’est difficile à dire. Mais la plus récurrente de toute est qu’il s’agissait de donner un signal fort à Laurent Nkunda qui se trouve à deux mille kilomètres à vol d’oiseau ou d’avion du boulevard triomphal, ex-30 Juin. A en croire cette interprétation, le seul danger qui menace la RDC se trouve à l’Est.
Une couleuvre très facile à faire avaler pour des raisons évidentes, surtout à cause de l’activité fiévreuse des agents des Nations Unies qui le chantent à tue tête, pour cacher au peuple dupe le but de leur manœuvre dans la prédation gigantesque dont le Congo fait l’objet. Pour justifier l’extension du mandat de la Monuc, la clé de la campagne médiatique de cet organisme a été son bouc émissaire préféré de ces derniers jours, à savoir les brigades mixées et personne d’autre.
Cette campagne a requis l’usage des poids lourds comme Madame Louise Arbour, la publication de rapports de tout genre, le renforcement de la force et des positions, etc. Pour la Monuc, les FDLR sont passées au second plan comme danger, et elle s’emploi avec efficacité de présenter les brigades mixées comme le vrai danger. Elle rappelle Yerodia Ndombasi avec sa « vermine » ! La stratégie Kabila-Swing veut absolument distraire les congolais de problèmes bien plus graves connus de tous, le duo se fiche de possible conséquences d’une telle manœuvre ! Mais comment peuvent-ils oublier que le mixage est le fruit d’une négociation avec le gouvernement congolais issue des élections, et qu’il n’a jamais été initiative exclusive de Laurent Nkunda ? Seule une incapacité notoire de tenir parole, le non respect de la parole donnée ou encore la mauvaise foi peuvent expliquer une situation pareille!
Le but officiel de l’opération que l’on est en droit d’appeler « bomber le torse » est cité par l’agence PANA : « La qualité et la quantité de l’armement et des hommes qui ont pris part a ce défilé donne confiance a la population sur la capacité de riposte de l’appareil sécuritaire en République démocratique du Congo ». Et dire que l’on commémorait une libération autrement encore attendue, au moins par le peuple ! Car la libération, tout comme les dernières élections d’ailleurs ne sont qu’une sorte de voile au-delà duquel le peuple est empêché de voir : « Il fallait bayeba te », nous rappelle avec précision J.-P. Mbelu. Et cela sciemment. Seuls les vrais patriotes doivent continuer à veiller et pousser le reste à lever le voile. Comment peut-on continuer de prétendre édifier une démocratie sur du mensonge ? Il faut faire du tapage au maximum du volume avec l’insécurité à l’Est et avec cela essayer d’étouffer les occupations étrangères offensives d’autres coins du pays, de taire la voix de ceux qui veulent dénoncer les contrats léonins qui ne profite qu’à un nombre réduits, en commencant par les Bailleurs de fonds.
Finalement il y a lieu de présenter un autre but du « défilé monstre du 17 mai » et pas des moindres. C’etait aussi un signal muscle à l’endroit des Kinois qui ont été récemment victime de l’offensive vengeresse de la Garde républicaine contre la Garde du Sénateur Jean Pierre Bemba. En effet leur appui inconditionnel à celui, qui dans leur enthousiasme légendaire, ils avaient surnomme Igwe n’a pas disparu avec lui. Il est toujours présent et le ressentiment l’a peut être renforce. Pour ne pas courir le risque d’un soulèvement populaire à Kin qui mettrait le gouvernement en danger beaucoup plus que quelques brigades au Nord Kivu, il fallait montrer la capacité de frappe dans toute sa splendeur. En plus la ville garde encore l’avant goût de ce qui arriverait si jamais la population osait ! Décidément les signes d’un régime dictatorial ne font que s’accumuler. Espérons que la patience et l’optimisme du peuple tiennent encore.
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