Dali Mbala
22/02/07
Chers tous,
Je suis Dali Mbala, étudiante.
Le 21 nov 06 ma maman, Marie-Thérèse Nlandu, avocate, est arrêtée arbitrairement dans l'exercice de sa profession lorsqu'elle se rendait au siège des services spéciaux de police (Kin-Maziere – Kinshasa) pour porter assistance légale à ses 6 de ses collaborateurs enlevés le 20 nov par ces mêmes services.
Depuis ce jour elle (avec ses collaborateurs) croupit en prison dans des conditions inhumaines et dégradantes, qui l’ont rendue malade (sachez que les prisons au Congo sont réputées être des lieux de torture ou l'on sait quand on y est entre mais pas quand on en sort).
Vous devez vous demander mais pourquoi a t’on jeté ma maman en prison? D'aucuns se disent que le Congo est pourtant entré en démocratie? Vous me permettrez d’en douter. Eh bien, les autorités congolaises accusent ma maman (cette avocate connue pour être activiste des droits de l’homme et pour mener un combat pacifique, un combat d’idées pour que son pays devienne un Etat de droit,) oui les "nouvelles" autorités "élues" de la rdcongo accusent ma mère d’être la commanditaire de l’incendie de la Cour Suprême de Justice du 21 nov 06 et de détention d’armes de guerre.
C’est étonnant, je dirai même plus c’est choquant car ma chère maman est victime d’un complot politique. Pourquoi? Son crime est de s’ être opposée ouvertement au pouvoir en place , de dénoncer les violations de celui-ci, de s’ être présentée comme candidate du Parti Pour la Paix au Congo (Congo Pax) à l’ élection présidentielle du 30 juillet 2006 , de s’ être ralliée entre les deux à la plate forme de l'Union pour la Nation, soutenant JP Bemba et enfin d ‘être l’ avocate chef de file du collectif de défense de ce dernier dans le recours qu il a introduit devant la CSJ pour contester les résultats de l élection présidentielle du deuxième tour, le donnant perdant. Bref, on fait payer à ma mère le fait de ne pas avoir choisi l AMP (plate forme soutenant J. Kabila) et de défendre Bemba dans le contentieux électoral (c’est un gentil diplomate européen qui me l’a dit tout bonnement). Vous rendez vous compte? Mais ou va t’on?
Certains me demandent et se demandent : Qui de Bemba? Que fait-il pour elle car sans avoir pris ce dossier, elle n’en serait pas la? Pour ceux qui le connaissent je vous invite à le lui demander car moi je ne le connais pas et ce n’est pas l’envie qui m’en manque!
Pour les faits que j’ai mentionnés ci – dessus (un petit rappel pour ceux qui ne suivent plus : incendie CSJ, détention, armes lourdes et j’oubliais commandement d’un mouvement insurrectionnel visant à déstabiliser l’Etat), ma maman et ses collaborateurs sont traduits devant la justice militaire, et pourtant ils sont civils. Heureusement, pour ma maman et ses co-prévenus, la voix de sans voix (ong congolaise), l'Amnesty International, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le CODHO (autre ong congolaise) la Fondation de Bill Clinton pour la Paix, the Christian Worldwild Solidarity, Christian Today, (même la Monuc j'y reviendrai) …et d'autres encore ont contredit ces fausses accusations en déclarant ma maman PRISONNIERE D OPINION.
Malgré cela, les autorités congolaises s'obstinent à traduire ma maman devant un tribunal militaire dont on sait qu'il est instrumentalisé par la hiérarchie (pour la petite histoire, c est à la mode au Congo de traduire des opposants, des civils devant une juridiction militaire, on y condamne plus vite à la peine de mort).
Le procès Ministère Public contre Marie-Thérèse Nlandu et consorts a débuté le 22 décembre 06 et est déjà arrivé à sa 7e audience, le 7 février 07. On fait traîner en longueur gratuitement, sans respect des droits de la défense. Le 14 février 07 devait intervenir une autre audience de ce simulacre de procès mais le juge et le Ministère public ne se sont pas présentés. Bien entendu, ils ne sont pas donnés la peine d'avertir ma maman, ses co-détenus et leurs avocats. C’est incroyable le droit que ces autorités se donnent (s’arrogent) de jouer avec la vie des autres.
Pour revenir à cette audience, un agent de la Monuc devait témoigner sur les incidents qui ont mené à l’incendie de la CSJ mais la semaine dernière sur le site de la Monuc, il y avait une brève qui défilait disant que ma maman était acquittée mais pas libère. Je comprends la Monuc, cette haute institution qui coûte plus d'un milliard de dollars par an aux Nations Unies, n’avait pas envie de participer à la bêtise qu est le procès contre maman, il y va tout de même de sa crédibilité. Dans mon entendement, Elle aussi reconnaît maman innocente de ce dont on l'accuse. Mais les autorités congolaises persistent. Faut dire qu'elles ont tellement été loin qu'elles ne savent plus comment sauver la face. Trop tard, il fallait y penser avant. Elles n’ont pas compris que leur rôle est d’être le garant des droits et libertés de tous leurs administrés, en ce compris, les opposants.
Les violations des droits de l’homme ne cessent de se perpétuer, en témoignent encore la répression sanglante des manifestations contre la corruption qui a émaillé l’élection indirecte des gouverneur et vice gouverneur dans le Bas Congo (et je ne parle pas des troubles que l'Est du Congo connaît).
J'aime le Congo, c’est ma terre natale et j y retournerai pour le construire aussi mais pour qu'il puisse être une démocratie au sens concret du terme, il est impératif que les droits de l'Homme soient respectés et qu'ils deviennent une réalité pour les 60 millions que compte ce pays grand comme l'Europe et aux richesses incommensurables. Seule la paix, la sécurité juridique, la volonté, l'éducation, la rigueur dans le travail, une coopération économique axée sur une logique du win-win…une bonne gouvernance par de gens compétents permettront de redresser ce si beau pays…
Aujourd'hui 21 fev 07, ça fait 3 mois jour pour jour que ma mère traverse cette injustice. Une autre audience devait avoir lieu. Mais là encore ni le juge ni le Ministère public ne se sont déplacés. Et maman et ses collaborateurs traînent en prison.
Aidez- moi a la ramener près de moi, près de ma famille et aidez moi a en faire autant pour ces collaborateurs en intéressant vos médias, vos parlementaires, vos partis, vos proches … pour intensifier nos efforts pour obtenir dans les plus brefs délais sa libération immédiate. Cette affaire m’a marqué et me marque encore. J’agis pour qu’elle ne frappe plus d'autres familles.
Merci pour votre soutien et surtout de m’avoir lue jusqu'au bout.
Que Dieu vous garde,
Dali Mbala