B. Amba Wetshi
08/05/09
Après plusieurs mois de tergiversations, les autorités rwandaises ont jeté le masque sur le sort à réserver au général dissident Laurent Nkunda Mihigo. Le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama n’a pas usé de circonlocutions en signifiant à son homologue congolais, Luzolo Bambi, en séjour à Kigali, la décision de son gouvernement de transférer le «Chairman» vers un «pays neutre». Sans d’autres précisions. Motif invoqué : la «complexité légale» du dossier Nkunda.
En langage profane, le Rwanda de Paul Kagame – qui a aboli la peine de mort dans son code pénal – rechignerait à transférer l’ancien leader du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) au Congo démocratique. Au motif que celui-ci fait partie des Etats africains qui appliquent encore la peine capitale. Il faut être naïf pour ne pas voir derrière ce feu d’artifice juridico-humaniste des considérations plus prosaïques. L’avenir le démontrera.
La position exprimée par le ministre rwandais de la Justice est un premier signe qui démontre que la nouvelle alliance Kabila-Kagame n’est que de l’artifice. Il s’agit d’une alliance dans laquelle le «Grand Congo» – dirigé par un petit président sans envergure ni vision – paraît tiré par le bout du nez par le «petit Rwanda» qui a à sa tête un chef politico-militaire madré qui a compris tous les avantages qu’il peut tirer de l’état de faiblesse de son voisin.
Depuis l’éviction de Nkunda et son «arrestation» à Gisenyi, au Rwanda, les autorités rwandaises n’ont pas cessé de dire une chose et son contraire. Il a été question d’«arrestation» avant qu’on parle d’«assignation à résidence». Le ministre congolais des Affaires étrangères Alexis Thambwe Mwamba, lui, a multiplié des déclarations autant loufoques que contradictoires. Intervenant vendredi 6 février sur les ondes de radio Okapi, il déclarait à ce sujet : «Nous sommes entrain d’examiner les conditions de sécurité. Nous ne voulons pas qu’aussitôt après son arrivée à Kinshasa que Laurent Nkunda soit lynché par la population. Nous ne voulons pas non plus de le placer dans un établissement pénitencier où il pourrait être massacré par d’autres prisonniers.» A l’issue d’une séance de travail avec une délégation de l’Union européenne, mardi 17 mars, à Kinshasa, Thambwe d’enfoncer le clou en disant que Laurent Nkunda sera emprisonné «dans un autre lieu qui sera aménagé» que la prison centrale de Makala.
L’affaire Nkunda Mihigo constitue le premier «couac» de la "réconciliation en vitesse TGV" entre Kabila et Kagame. D’autres couacs pourraient survenir et révéler au grand jour que ce que d’acuns considèrent comme la "nouvelle alliance Kabila-Kagame" n’est, en réalité, qu’un grand marché des dupes…
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