El Memeyi Murangwa
18/05/09
Censée ramener la paix tant attendue par la population du Nord-Kivu, l’opération menée par les armées du Rwanda et de la RD Congo n’aura été qu’un échec total quand à sa lutte contre la cause principale de l’insécurité au Kivu, à savoir le Front démocratique pour la libération du Rwanda (FDLR). L’opération s’est en effet écartée de sa mission première en focalisant ses efforts sur la neutralisation du Congres National pour la Défense du Peuple (CNDP) du Chairman Laurent Nkunda Mihigo, mouvement Politico-militaire qui jusqu’au 22 janvier 2009 était le seul protecteur de la population contre les multiples razzias de l’armée gouvernementale (FARDC), et ses forces supplétives (FDLR et Mayi-Mayi), longtemps alliées au régime de Joseph Kabila.
Annoncée tambour battant l’opération militaire de la « coalition » des armées du Congo et du Rwanda n’aura été qu’une promenade de santé dans une brousse abandonnée par les combattants du FDLR, avertis au préalable par les communiqués laconiques du communicateur du gouvernement congolais, Lambert Mende Omalanga.
Dès la traversée du premier bataillon de l’armée rwandaise, les forces négatives du FDLR ont fait route vers le Sud-Kivu, véritable bastion de l’opposition armée au régime du président rwandais Paul Kagamé. Ces forces bénéficient au Sud-Kivu d’un appui inconditionnel de la part de l’Evêque Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu ( http://journalchretien.net/spip.php?article12063 ).
Echec du nouveau mixage.
La dissidence du CNDP (Parti-Politique de la mouvance présidentielle J. Kabila), voulu par Kigali tombeur de Laurent Nkunda n’aura pas réussi à faire l’unanimité au sein de la direction politique du CNDP Originel qui reste entier. Sur le plan militaire, le nouveau mixage, a tout d’un mélange du bon grain et de l’ivraie. Nombreux militaires du CNDP ont eu à joindre les FARDC, sous intimidations et sans aucune conviction. Impayés depuis bientôt trois mois, ces derniers vivent d’un péage routier qui ne semble pas émouvoir l’autorité provinciale, ni moins encore le gouvernement central, responsable du non-paiement de la solde aux militaires. Ces braves soldats mixés au vaincus d’hier (FARDC) subissent déjà les conséquences de la mauvaise gouvernance et d’un manque criant de commandement unique.
La rue donne raison au Marechal Mobutu qui aimait dire, je cite : « Il n’ya pas des mauvaises troupes, il n’ya que des mauvais chefs. »
La recherche de 15 oiseaux rares par Joseph Kabila semble répondre à cette préoccupation. Pour l’opposition, la formule magique se veut : 1+15 (un nouveau leadership assorti d’une quinzaine de technocrates bien moulus, pour faire face à la crise multiforme).
Guerre verbale contre le FDLR.
Les constats et condamnations de la mission onusienne au Congo (MONUC) sont loin de sécuriser la population. Annoncée avec fracas par le gouvernement congolais, la lutte contre le FDLR avec le concours de la MONUC dans l’ancienne province du Kivu ressemble beaucoup plus à un mirage. Du Nord-Kivu au Sud-Kivu, la population paie au prix fort la récente expédition de l’armée rwandaise au Congo contre le FDLR. Tueries, cases incendiées, et destruction d’infrastructure d’utilité publique, sont là le vécu quotidien des habitants condamnés à errer sur des longues distances sans assistance.
Le week-end dernier, 60 personnes ont été tuées dans le groupement Walowa-Luanda, en territoire de Walikale. Les notables locaux parlent de plusieurs personnes blessées et villages incendiés. Même climat à Rutshuru ou les FDLR ont tué deux éléments de la Police nationale.
Que fait donc la MONUC se demandent les habitants traumatisés ? Qui donc pourra bien alléger les souffrances de cette population abandonnée à elle même ? Le milliard de Dollars américain englouti chaque année par l’organisation onusienne ne profite qu’aux cadres et aux envoyés spéciaux qui ne multiplient que des rapports qui ne serviront que l’histoire, pendant que le pays se dépeuple.
Faute d’attraper le léopard, le chef du village dépourvu de sagesse a intimé l’ordre d’incendier la forêt, le feu consume présentement les villageois, les cases, les animaux domestiques, et les champs.
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