Antoinette K. Kankindi
Navarre, 22/11/07
On n'en a pas fini d'être surpris par les mille et un tour que prend le conflit régional qui se prépare à partir de l'Est du Congo avec force implication de l'ONU qui est sensée être un organisme de promotion de la paix. Il n'y a même pas encore deux semaines que la Tripartite+Un, dans ses efforts de canard un peu boiteux, avait réussi à identifier une fois de plus que seules les FDLR menaçaient la stabilité régionale. Elle avait même réussi à faire admettre aux diplomates congolais qu'il fallait absolument reprendre la résolution de les rapatrier. L'accord de Rome avait été plus précis, mais il a échoué grâce à la complicité que la MONUC et la RDC gardent avec ces forces génocidaires. En fait au lieu d'honorer cet accord déjà caduque, les deux partenaires ont armé avec une certaine consistance les FDLR. Et ces derniers mois ont vu l'intégration de ces forces au sein de l'armée congolaise prendre place plus intensément. Le déploiement militaire spectaculaire qui amène des milliers de contingents militaires et autant d'armes et munitions au long de la frontière entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda n'a pas cessé d'augmenter.
Après la signature du fameux accord de Nairobi, loin de s'apaiser, les appétits guerriers de la RDC et la MONUC prennent plus d'ampleur. D'abord par un jeu de provocation contre les forces du CNDP, dans le but de les pousser à la faute. La MONUC et les FARDC semblent oublier qu'ils provoquent une force intéressée de prime à bord à la paix. Et donc elle n'a pour l'instant d'autre stratégie que se défendre et défendre la population en attendant une opportunité de négocier ses revendications que tout le monde reconnaît être légitimes. On n'est donc pas surpris de voir qu'avant même de savoir ce qui se passait à Mugunga, la radio de l'ONU au Congo et la MONUC mettaient en ligne des déclarations estimant que ce sont les forces du CNDP qui attaquaient. La même chose est arrivée hier à Rutshuru.
Pourquoi l'alliance FARDC-MONUC-FDLR tient-elle à provoquer les troupes du CNDP, justement maintenant ? Cette alliance, forte des déclarations du chef des FDLR et la clameur des médias extrémistes ne trouvent pas d'autre manière de tronquer tout accord qui viserait le rapatriement des FDLR. Leur seule solution c'est de provoquer anticipativement la guerre régionale que Kabila voulait tant en recrutant les génocidaire et en refusant de négocier avec Laurent Nkunda. C'est incroyable, il y a des journalistes amnésiques qui écrivent que les forces génocidaires hutus rwandaises sont au Congo sur invitation des Nations Unies. Si l'on compte le fait qu'elles combattent aux côtés des FARDC sur invitation de Kabila en personne avec la bénédiction de William Swing, on n'a plus de doute sur les visées génocidaires de l'establishment congolais aujourd'hui. On comprend dès lors que l'armée congolaise et l'ONU au Congo déclarent sans ambages aux journalistes leur détermination de liquider le CNDP pour éviter à Mbusa Nyamwisi de devoir honorer l'accord de Nairobi. Les FARDC, l'ONU, et le public tant national et international n'ignorent pas que l'option militaire à grande échelle qui se prépare avec l'appui efficace des mercenaires français ne signifie pas juste une guerre contre Nkunda, c'est une guerre régionale belle et bien. Déjà Kinshasa compte sur une présence angolaise plus que substantielle, on a vu les pourparlers de Tshikez Diemu en Angola produire des effets plutôt instantanés. On ne sait pas à quel point Mugabe est prêt à intervenir étant donné la mégacrise qu'il affronte chez lui, mais on ne sait jamais…
Cependant il faut souligner un fait urgemment au risque de se répéter: en décidant de fouler au pied les efforts de la Tripartite+Un pour entraîner l'ONU dans une opération génocidaire régionale, William Swing et ses officiers montrent un niveau de corruption qui ne fait que discréditer davantage l'ONU. Que Babacar Gaye affirme au micro des journalistes que « toutes les voies pacifiques de résoudre le conflit qui oppose le CNDP au pouvoir à Kinshasa ont été explorées » relève de la grossièreté très françafrique. Plus que personne, les officiers de la Monuc connaissent très bien le Cahier des Charges du CNDP. Plus que personne, ils savent que ce mouvement, malgré la persécution dont il fait l'objet, continue à croire fermement et à tendre la main pour l'initiation d'un dialogue. Est-ce le refus obstiné de ce dialogue par Kinshasa que Babacar Gaye appelle « voies pacifiques ayant été explorées » ? Est-ce pour faire plaisir au général Kayembe qu'il disait cela sans se rendre compte des conséquences de telles déclarations ? Il y a lieu de croire que la MONUC suit Kabila dans son obstination à faire fi de l'opinion de la communauté tant nationale qu'internationale qui prône une résolution pacifique. Au risque de se repéter encore une fois, la violence n'est toujours autre chose qu'une défaite.
Nous sommes habitués à penser que ce sont les extrémistes du Nord Kivu qui tiennent Kabila en otâge et le forcent à s'allier aux FDLR et combattre Nkunda. Mais il semble y avoir plus. On ne serait pas dans l'erreur si on tenait compte d'une nouveauté qui a pu le mettre aux abois encore une fois. C'est que le rapport des enquêteurs de l'ONU sur ce qui s'est passé à Kinshasa le 21 et 22 mars 2006 est déjà prêt. Il semble que ce rapport incrimine très directement non seulement la GSSP qui a littéralement mené de haute main la guerre dans les rues de Kinshasa contre Bemba et la population innocente, mais aussi ceux qui ont donné les ordres à cette bande de tueurs attitrée. Et on n'a pas de doute sur d'où ont pu venir les ordres qui ont produit le carnage à Kinshasa. On aimerait bien, par ailleurs savoir où sont ces organismes comme HRW pour dénoncer les crimes du pouvoir contre des innocents. A force de laisser faire ce pouvoir et la criminelle Monuc, on va se retrouver dans une tragédie sans nom.
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