El Memeyi Murangwa
5/03/12
De par la volonté des dirigeants irresponsables, le Kivu est entrain de vivre une situation de plus confuse engendrée par le non-paiement de la solde aux militaires et le non-respect des engagements exprimés à travers le communiqué rendu public le 16 janvier 2009 et l’accord politique signé à Goma le 23 mars 2009. Le processus de paix semble revenir à la case départ, et cette fois ci l’agresseur n’est autre que l’Agent payeur (Gouvernement).
Une armée chosifiée
L’armée nationale de la RDC, connue sous le diminutif « FARDC » jadis fierté de l’Afrique Centrale se trouve être la plus misérable du continent africain. Réduite en une bande des pilleurs et violeurs attitrés, les militaires congolais vivent sur le dos d’une population paupérisée par une classe dirigeante préoccupée plus à mener une vie ostentatoire avec les revenus de l’Etat.
Les officiers affectés en province pour l’encadrement des soldats rivalisent avec les hommes d’affaires dans la construction des villas hollywoodiennes qui engloutissent la paie des militaires. Ne pouvant satisfaire leurs besoins primaires, les hommes en armes établissent des barrières, imposent des taxes imaginaires à la population, et commettent le pire en violant des enfants et des femmes, détruisant la cellule nucléaire qu’est la famille. Pendant ce temps, les réels responsables de tous ces méfaits, criminels à col blanc, se la coulent douce dans Kinshasa la capitale et ne redoutent aucunement une quelconque poursuite judiciaire à leur encontre car appartenant à la famille politique du Chef, autorité morale qui, pourtant à chacune de ses sorties politiques, prône la tolérance zéro !
Les Tutsi-Congolais, des permanents Boucs émissaires pour couvrir les déboires des dirigeants
La suspension des opérations militaires contre les forces négatives dans le Kivu et « l’intention exprimée» de mettre la main sur le général Bosco NTAGANDA, mesures épidermiques annoncées par le Rais Joseph Kabila, sont à la base de l’actuelle confusion. En réponse aux revendications de leurs soldes et l’amélioration de leur conditions de vie, des soldats de l’armée régulière se sont vus opposés un front lourdement armé constitué des renforts des unités commandos venus d’autres provinces, les affrontements armés y relatifs sont à la base des nombreux morts et des mouvements de déplacement massif de la population civile. Les réfugiés tutsis vivant dans les pays voisins et ailleurs dans le monde sont, quant à eux, plongés dans le désarroi total, ils voient s’éteindre à l’horizon l’espoir créé par l’accord du 23 mars 2009 de retourner dans la mère-patrie. Peu soucieux de relever le défi de la paix à l’est du pays par le respect de ses engagements comme partie à l’accord du 23 mars 2009 ainsi que par un encadrement adéquat des nouvelles unités militaires issues des différents mouvements armés de l’Est du pays mises à sa disposition, le gouvernement de la République préfère se chercher un bouc-émissaire pour distraire les congolais et prolonger l’instabilité de la région. Et, il n’est pas allé chercher loin, c’est à son partenaire de paix qu’il s’apprend, le général Bosco NTAGANDA. Ce dernier, fragilisé par le mandat d’arrêt de la CPI qui plane sur lui, ferait l’affaire pour Kinshasa parce que personne ne s’interrogerait sur son innocence dans les nouveaux faits que ses détracteurs mettraient à sa charge. Ensuite, il est facile de mobiliser le monde contre lui, il est la cible facile pour son ancien allié.
Quant à ses compagnons de lutte issus du même mouvement, le CNDP, Joseph KABILA leur réserve le meilleur traitement pour les disqualifier, il les traite des militaires communautaires. On serait tenté de considère ce fait comme simple et insignifiant ; pourtant ce qualificatif a un contenu énorme si l’on interroge l’histoire de ce pays. Il est impossible de passer outre la réalité congolaise qui veut que des personnes appartenant à cette communauté constituent depuis des décennies la cible privilégiée des extrémistes de tous bords qui constituent le noyau dur du régime actuel. Les différents massacres des soldats et officiers Tutsis-Congolais en Aout 1998 pendant que Joseph Kabila assumait les fonctions de Chef d’Etat-major sous le commandement suprême de Laurent Désiré Kabila constituent une preuve tangible. D’autres lieux comme le Centre de Formation Militaire de Kamina, le Camp Kokolo, le Camp CETA-Aéroport de N’Djili, et le Camp Tshatshi ont été des mouroirs pour leurs compagnons d’armes. Cette catégorie de militaires n’est-elle pas en droit de s’interroger sur des redéploiements de troupes vers des endroits moins rassurants ? Nombreux survivants ayant trouvés refuges en Amérique du Nord (Canada et États-Unis d’Amérique) ont été témoins oculaires de ces massacres à grande échelle. Faire des Tutsis- congolais des permanents boucs émissaires des successives crises congolaises n’est plus vendable. En outre, comment peut-on prétendre rassurer cette catégorie de militaires lorsque le gouvernement ne fait aucun effort pour rapatrier leurs parents qui continuent à pourrir dans des camps de réfugiés de pays voisins depuis 1996.
Quoi qu’on en dise, les communautés Kivutiennes rassemblées et réconciliées sont unanime quant à leur devenir, elles n’ont pas tardé de se rendre à l’évidence que leur destin est loin d’être défini à Kinshasa, par contre il est entre leurs mains ; ainsi elles restent déterminées à l’assumer seules avec des amis du Kivu.
Le CNDP interpelle le Gouvernement de la République
La mise au point du CNDP sur la situation militaire qui prévaut actuellement dans les Provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu portant la signature de son président National, Eduard Mwangachuchu Hizi, aide grandement à comprendre la situation qui prévaut dans cette partie orientale de la République Démocratique du Congo. Les recommandations du CNDP au gouvernement de la république, à la communauté internationale, et à la MONUSCO constituent une piste pour la sortie de l’actuelle crise. En parcourant la déclaration de ce parti politique qui milite pour la dignité du Congo et du Congolais il ya à conclure que le CNDP tient à la stabilité du Congo.
A Kinshasa donc d’ordonner l’arrêt des hostilités au sein de son armée, payer la solde des militaires, et redéfinir le processus d’intégration des anciens rebelles, pour redonner enfin à la population la quiétude tant souhaitée.
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