El Memeyi Murangwa
05/23/13
On aura tout vu dans ce pays qui par ses richesses fabuleuses devait devenir un paradis. Hélas ! Les guerres se succèdent emportant avec elles la joie des pauvres habitants qui ne savent à quels dieux confier leur désespoir. Impayés depuis belles lurettes, ceux qui sont commis à la protection des personnes et de leurs biens dévalisent, rançonnent, et sèment la mort. La femme paie le prix fort de cette escalade de violence. Première nourricière de la famille depuis que l’emploi est devenu une denrée rare dans ce pays aux immenses terres arables, elle se réveille au grand matin, traverse la forêt dense pour aller au champ pour qu’au retour elle puisse bien nourrir sa maisonnée. Le plus souvent elle rentre en pleurs après avoir subi un traitement humiliant de la part des hommes en armes qui s’accaparent d’une grande partie de sa récolte et la viole à tour de rôle. Ces véreux n’hésitent même pas à faire de même sur la mineure d’âge qui accompagne sa maman.
De retour au village déserté par les hommes, elle est souvent accueillie par des lamentations provenant des vieilles mères qui maudissent les porteurs d’armes qui n’ont pas eu froid aux yeux en découvrant la nudité de ces personnes qui dans un passé récent avaient le respect de toutes les générations. Au Congo dit démocratique, l’état a cessé d’exister depuis une vingtaine d’années, dans les provinces des hommes en armes s’imposent et commettent l’arbitraire sur une population paupérisée par des dictatures successives. Les intellectuels et les jeunes valides se réfugient dans les pays voisins en attendant de sauter sur la première possibilité de se rendre en occident pour une vie meilleure. Dans cette tragédie, le gouvernement reste silencieux. Au lieu de s’attaquer à ceux qui violent, les tenants du pouvoir autocratique ne s’intéressent qu’à ceux qui menacent le régime pendant que le viol continu de faire son chemin. Déshumanisé, les hommes abandonnent les femmes violés condamnant leurs progénitures à un avenir incertain. Les enfants nés de ces ignobles actes deviennent des enfants de la rue et constituent une pépinière qui très vite produit des violeurs impénitents. Au Congo le viol est devenue une arme de guerre, les victimes sont tenues en haleine par une armée d’inciviques qui étendent leurs autorités sur des espaces pouvant contribuer au développement de la nation congolaise. La presse en parle timidement, les confessions religieuses fustigent ce comportement inhumain dans les églises mais n’osent pas interpeller les tenants du pouvoir sur cette question. La presse internationale en parle peu et justifie-le manque d’information par l’inaccessibilité des zones en guerre. Une guerre étrange qui détruit les valeurs humaines et qui contribue à l’émergence d’une génération sans cœur. Une guerre qui véhicule les maladies honteuses et les germes de la mort. Une guerre qui déstabilise la famille, matrice et cellule de toute nation. Qui donc délivrera le Congo de ce fardeau ? La solution ne viendra sans doute pas de la Banque mondiale, ni de l’ONU, mais celle-ci doit venir du Congolais qui doit d’abord prendre conscience de sa condition actuelle et apprendre le plus vite possible à se prendre en charge.
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