Thaddeus Musenge
Kampala, 30/07/07
Le président de la RDC et une forte délégation des membres de son gouvernement sont en pourparlers avec l'Angola. On s'imagine bien le différend qu'ils sont censés résoudre. Même s'il ne faut pas se faire d'illusion quant a l'issue de toute discussion relative à l'Affaire Kahemba, on ose espérer que cette fois-ci la stratégie du silence et la politique de l'autruche ne seront plus de mise. Le rapport de la commission Lumbala ne peut pas être relégués aux oubliettes. L'intégrité du territoire n'a pas été seulement menacée dans cette affaire. Elle a été violée offensivement, un point et un trait. Les medias parlent timidement de la raison pour laquelle cette violation est en train d'être entérinée par les hommes forts de Kinshasa qui semblent se moquer aussi bien des populations congolaises que de l'unité du pays elle-même. L'on se souvient combien l'honorable Lumbala était choqué de se voir dribblé par le gouvernement, immédiatement à son retour du lieu litigieux. Tout congolais a partage et continue de partager sa frustration d'alors. Et l'on imagine mal comment les parlementaires du Bandundu continuent d'endurer les mensonges du pouvoir dans cette affaire ainsi que les acrobaties que l'on pratique à l'assemblée nationale pour la traiter soit à huis clos, soit en se rangeant aux positions de Kalume. Les congolais aussi connaissent bien la situation des refoulés de l'Angolais. Des problèmes très graves donc, et des problèmes de sécurité bien plus sérieux que tout autre. En ouvrant le quotidien le plus lu de Kinshasa ce matin, je m'attendais à en savoir plus sur les travaux de la délégation RDCongolaise en Angola. Mais hélas, je n'y ai trouvé que le même refrain : Nkunda !
Sans vouloir minimiser les problèmes de sécurité à l'Est de la RDC, je voudrais simplement faire remarquer ici au quotidien le plus lu de Kinshasa que dédier deux articles à diaboliser Nkunda pour une millième fois quand le sort de Kahemba est en train de se jouer est absolument suspect. Avant de continuer sur ce sujet, je voudrais tout d'abord reconnaître publiquement le travail que le potentiel fait. Il est si important pour moi depuis que je suis hors du pays que c'est le premier journal « online » en français que j'ouvre tous les matins. C'est peut-être pour cela que ma déception est si grande. Quand bien même on n'aime pas Nkunda, on doit lui reconnaître le mérite de se poser en interlocuteur dans les démarches que jusque la il a adoptées. Je pense ici à son Cahier des charges que les medias congolais nous ont fait connaître, sa lettre ouverte au premier ministre, son interview assez long avec le Soft, etc… Si on laisse de coté la politique politicienne, partisane et corrompue, on peut lire dans tous ces gestes, des gestes politiques qui visent un dialogue, passage obligée pour une paix réel. Sa négociation avec le gouvernement congolais n'a été bloquée que quand elle s'est avérée être une réponse adéquate pour les FDLR qui narguent les populations en connivence avec quelques ténors des nouvelles institutions de la République. En suivant ce raisonnement, on voit bien que les deux articles contre Nkunda parus sur le Potentiel aujourd'hui ne sont rien d'autre qu'une manœuvre pour distraire les congolais de la question Kahemba. Cela devient trop simpliste à la longue ! Il y a un autre motif de cet usage du même bouc émissaire pour tous les maux congolais : le Potentiel apparaît ici comme un porte-parole des FDLR. En effet, de ces deux articles on déduit que ces forces ne sont plus les auteurs de l'insécurité et bien d'autres problèmes au Congo depuis 1994 ! De sorte qu'on ne parle plus du dossier FDLR, mais bien du dossier Nkunda exclusivement. Mais qui de Nkunda ou des FDLR viole le territoire congolais ?
La bombe à retardement qui menace le pays est donc connue. La seule précision qu'il faudrait apporter c'est la désinvolture des medias qui ne fait que favoriser les vraies forces négatives. Il faudrait aussi ajouter la maladresse du gouvernement, le silence du président et son premier ministre, etc. Mais si on n'a pas d'illusion à se faire avec un gouvernement issu des élections on ne peut plus douteuses, les aveux de Kamerhe à François Soudan n'ont fait que nous le confirmer, un gouvernement dont la majorité se trouve aux prises des combats internes dont nous ne soupçonnons que trop l'ampleur, en revanche, on ne peut pas se passer d'une presse objective. Une presse capable de traiter les problèmes de manière non discriminatoire. Quelque media europeen donne quand meme un exemple dans ce domaine. C'est le cas de Libération sur un sujet précis : l'interpellation de Sarkozy par les ministres des finances de la zone euro la semaine dernière. Pendant que la plus part de quotidiens et magazines chantaient les louanges de Sarko, le bouillant Sarko, seule Libération a porté à la connaissance du public les semonces que Sarkozy a reçu de ces Messieurs qui contrôlent le cœur économique de l'Europe. Ils ont bien exigé de lui qu'il revoit le calendrier de ses reformes en matière fiscale pour se mettre au pas avec les autres. Ils ont été tellement agressifs avec lui qu'à un certain moment il a du rappeler à l'un d'eux « vous n'avez pas le droit de me parler de cette façon » ou quelque chose dans le genre. C'est cela la presse objective, celle qui dit les choses comme elles sont. Et croyez-moi, c'est aussi cela qui fait une véritable démocratie. Ce n'est pas en criminalisant un adversaire politique que l'ont construit une démocratie, c'est en dialoguant avec lui qu'on y arrive.
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