El Memeyi Murangwa
19/10/13
KAMPALA (Ouganda) – Si Kinshasa n’arrive pas à expliquer la décision de ré-envoyer sa délégation aux négociations de Kampala, l’opinion publique à travers la RDC commence à comprendre le pourquoi de cette présence réfutée à maintes reprises par le communicateur Lambert Mende Omalanga dans ses points de presse.
« Nous ne négocierons jamais avec le M23, qui est une force négative » aimait dire Mende.
A la place Kinshasa préféra convoquer à la hâte des concertations nationales mal préparées du reste et n’ayant aucun agenda consistant. Ceci en lieu et place d’un dialogue politique cadrant avec l’accord cadre d’Addis-Abeba et répondant à la volonté de l’opposition politique de mettre fin à la crise institutionnelle et politique en RD du Congo.
La préparation de cet évènement crucial pour le régime Kabila se faisait au moment où les FARDC et la MONUSCO ruminaient mal à point la prise de la ville de Goma par le M23. La solution pour Kinshasa de récupérer Goma fut celle d’accepter d’aller à Kampala négocier avec le M23 sous la facilitation ougandaise et la CIRGL.
La première rencontre de Kampala achoppa sur le refus de Kinshasa d’examiner les points sensibles de politique, sécurité, et de la gouvernance, ayant conduit à la dégradation du climat sécuritaire actuelle à l’est du pays. Kinshasa osa même dire que les assises de Kampala n’étaient qu’une évaluation des accords du 23 mars 2009 avec le CNDP, parti politique dont le « président » siégeait cyniquement à ce moment précis aux côtés de la délégation gouvernementale. Kinshasa ne tarda pas à rappeler ses hommes en consultation et préféra ouvrir des nouvelles hostilités pour anéantir le M23.
L’arrivée du nouveau représentant du secrétaire générale de l’ONU en RDC, Martin Kobler, et le déploiement de la Brigade d’intervention de l’ONU résultat de la résolution 2098 du conseil de sécurité des nations unies venaient de redonner du tonus aux FARDC renforcées par les FDLR. Les premiers accrochages furent à l’avantage de l’armée révolutionnaire congolaise du M23. Ceci engendra une valse diplomatique et des contacts secrets avec la rébellion. Martin Kobler qui initia ces navettes négocia le retrait du M23 de trois antennes à Kibati en échange de l’ouverture immédiat des négociations de Kampala entre le gouvernement et le M23.
Le mensonge de Kobler
Ayant convenu de garder secret sur le dit accord, Sieur Kobler se précipita de crier victoire de la coalition FARDC –MONUSCO (passant sous silence le FDLR, car scandaleux) sur le M23. Dans le secteur de Kanyarucinya et celui de Mutaho postes avancés laissés vacant par le M23, les FARDC se déployèrent en promenade sous une forte couverture médiatique. Kinshasa et la radio onusienne amplifièrent la fallacieuse conquête, oubliant que les cadavres des soldats FARDC et MONUSCO jonchés encore les pistes dans la brousse rocailleuse.Tout ceci pour réparer la débâcle de Goma et cacher que Kinshasa retourner dans la capitale ougandaise en position de faiblesse. Les nombreuses jackets de la MONUSCO que portaient les soldats de l’ARC en butin de guerre en disent tout. Le commandement militaire du M23 intima vite l’ordre à ses soldats de se débarrasser de ses tenues pour éviter toute confusion. La victoire mirage se matérialisa si vite dans le subconscient des opérateurs politiques de Kinshasa et ceux-ci à peine débarqués à Kampala exigèrent la dissolution pure et simple du M23, confectionnant même une liste tendancieuse des leaders M23 inéligibles pour l’amnistie. Un cadre du M23 fustigea le comportement de la délégation gouvernementale en faisant remarquer à VirungaNews que les rebelles d’hier (ex-AFDL Kabila et le RCD Mende) qui n’ont pas bénéficié d’une quelconque amnistie ne devraient pas en conséquence être plus exigeants pour le M23.
Négociation sur fond d’épuration ethnique
Au moment où les deux délégations cherchent un accord de paix, Kinshasa vient de déployer ses forces supplétives (FDLR, Nyatura, APLCS, et Mayi-Mayi) pour s’attaquer à la communauté rwandophone dans le Masisi. Les nombreux déplacés qui viennent d’arriver à Chengerero- Rutshuru dans le territoire sous contrôle du M23 confirment la persécution. Les habitants de la région se demandent si c’est vraiment le bon moment pour le m23 de déposer les armes. La condition primordiale posée par le M23 pour un règlement pacifique du conflit reste entière. Pour beaucoup d’observateurs, le seul remède reste le retour des réfugiés assorti du démantèlement des FDLR. Nombreux notables de la région affirment qu’avec un peu de bonne volonté Kinshasa est capable de garantir une paix durable dans la partie sinistrée du pays.
Comme un gros nuage de mauvais temps, le mensonge de Martin Kobler se dissipe peu à peu !
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