le territoire rwandais bombardé
L'Agence d'Information
15/07/13
Les combats engagés hier ont repris ce lundi matin pour se prolonger jusqu’à 17 heures. Il résulte de l’analyse des informations contradictoires parvenues sur le bilan de ces combats que le M23 aurait efficacement maintenu ses positions, en dépit de la vigueur de l’offensive des FARDC qui auraient été renforcées d’éléments tanzaniens de la brigade offensive de la Monusco.
The fighting that was engaged yesterday between FARDC and M23 has resumed this monday morning, until 5pm. After analysing the contradictory informations received about this fight, it appears that M23 has efficiently kept his positions, despite the vigourous attack of the FARDC that could have been reinforced by tanzaniens forces from the offensive brigade of Monusco.
A l’heure à laquelle nous écrivons, les combats n’ont pas cessé entre la rébellion du M23 et le forces armées de la RDC (FARDC) coalisées avec les FDLR – la milice rwandaise issue du noyau dur militaire et paramilitaire responsable du génocide de 1994 au Pays des mille collines – et les Nyatura, une formation tribaliste créée par l’ancien gouverneur du Nord Kivu, Eugène Serefuli Ngayabaseka, et opérant dans le territoire de Rutshuru.
Les hostilités ont été déclenchées hier à 14 heures, avec une attaque de l’armée régulière contre les positions du M23 (mouvement politico-militaire opposé au gouvernement de Kinshasa), sur les hauteurs de Mutaho, dans le Nord-Kivu. C’est la cinquième offensive des FARDC contre le M23 depuis le 18 avril, et la première dans laquelle les loyalistes se sont rangés en ordre de bataille devant leurs alliés. Contrairement aux fois précédentes, les soldats du M23 ont riposté, et poursuivi les assaillants. Après avoir coupé la route pour Sake afin d’empêcher aux FARDC de se ravitailler, les hommes du général Sultani Makenga ont pris trois positions aux troupes adverses et procédé au nettoyage de la colline de Mija, où les FDLR s’étaient réunies. Ils seraient, selon nos sources, en proximité de Ndosho, localité située sur la route de Goma, distante d’à peine quelques kilomètres.
Au début des affrontements, les FARDC ont eu recours à l’artillerie lourde et aux hélicoptères de combat. Menacés par les batteries anti-aériennes du M23, les pilotes de ces derniers ont rebroussé chemin pour se poser à nouveau à Goma. A 3 heures du matin, l’Etat major de Kinshasa a déployé l’infanterie, mais la situation sur le terrain n’a pas changé. Jusqu’à cet après midi, les soldats de la Mission des Nations unies en RDC (MONUSCO) sont restés en position de neutralité, y compris ceux de la Brigade d’intervention (BI), dont les rangs ne sont pas encore complets.
Moult observateurs expliquent ces offensives récurrentes des FARDC comme une tentative, de la part du président Kabila, d’impliquer dans les combats contre le M23 les forces de la BI qui, selon la résolution 2098 du Conseil de sécurité, devrait « éradiquer les groupes armés » présents au Kivu.
« Nous tenons bon, nos positions sont restées intactes malgré le harcèlement de l’ennemi et nous n’avons pas à nous plaindre quant au déroulement des combats », a déclaré il y a quelques heures à la presse Bertrand Bisimwa, président du M23. Il a tenu également à souligner que son mouvement privilégie toujours la voie des négociations à Kampala, en Ouganda, où il regrette l’absence de la délégation gouvernementale.
Il est néanmoins possible que la rébellion, face à cette énième offensive des FARDC, pose -d’une manière plus rigide qu’il y a quelques semaine- le préalable d’un cessez-le-feu bilatéral avant la reprise des pourparlers.
Mise à jour, 17 heures :
Il semble que ces faits soient l’occasion d’une salve de désinformations, l’armée congolaise communiquant qu’elle aurait été victorieuse, ainsi que le répercute l’agence de l’ONU, Radio Okapi. L’Avenir, journal de propagande de Kinshasa, rapporte qu’il y aurait eu de nombreux morts – 148 ? –, et que des troupes d’élites rwandaises auraient participé à l’attaque.
A l’inverse, le journaliste Albert Rudatsimburwa, informe sur Twitter que le territoire rwandais aurait été bombardé par l’armée congolaise. Ce bombardement n’aurait pas produit de blessés. Le gouvernement a demandé à la population de conserver son calme, et protesté auprès du gouvernement de la RDC.
Mélanie Gouby, la correspondante du Figaro à Goma, annonce la fin (ou la suspension) des combats cet après-midi, à 17h, et rapporte les déclarations d’un porte-parole de l’armée suivant lesquelles "les positions" des belligérants seraient "toujours les mêmes".
Il semblerait que l’armée congolaise ait mobilisé pour cette bataille des troupes d’élites, dont la garde républicaine et des troupes de commandos, toujours selon Mélanie Gouby. "Le moral des troupes des FARDC est très haut", ses officiers lui répétant que "c’est la fin du M23".
Ces informations rapportées par une journaliste proche des FARDC semblent bien confirmer d’une part que les FARDC n’ont pas réussi à conquérir les positions du M23 contrairement à ce qu’a annoncé Radio Okapi, et d’autre part que les FARDC ont effectivement mobilisé tous les moyens pour cette bataille qu’elles espéraient décisive.
Selon nos informations, des troupes tanzaniennes, de la Brigade offensive de la Monusco, se seraient engagée dans le combat aux côtés des FARDC. Il se trouve que la Monusco a signifié son intention de recourir à "la force létale".