AFP
15/02/07
Le camp du président Joseph Kabila pourrait rafler les postes de gouverneur dans 10 des 11 provinces de la République démocratique du Congo (RDC), après sa victoire jeudi dans les régions des Kasaï, selon des résultats provisoires de la Commission électorale.
Selon les procès-verbaux de résultats de l'élection dans les Kasaï oriental et occidental (centre), les candidats soutenus par l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) l'ont emporté dès le premier tour, confirmant la domination du camp Kabila qui s'était déjà imposé le 27 janvier dans huit autres provinces.
Les gouverneurs sont élus au scrutin majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois par les députés des assemblées provinciales.
Ils sont appelés à diriger les gouvernements des provinces, qui doivent bénéficier d'une autonomie financière partielle dans le cadre de la décentralisation imposée par la nouvelle Constitution congolaise (adoptée par référendum en décembre 2005).
Sans surprise, le gouvernorat de la province diamantifère du Kasaï oriental a été emporté par Alphonse Ngoyi Kasanji, actuel président de la Fédération des diamantaires du Congo, élu avec 51 voix sur 66.
Il a battu sans appel le gouverneur sortant, Dominique Kanku du Mouvement
de libération du Congo (MLC) – fer de lance de l'Union pour la Nation (UN), la coalition de Jean-Pierre Bemba, adversaire malheureux de M. Kabila à la présidentielle de 2006.
Au Kasaï occidental, Trésor Kapuku, ancien vice-ministre de la Coopération internationale issu de l'ex-rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et appuyé par l'AMP, l'a emporté à l'issue d'un scrutin serré, avec 28 voix contre 26 au candidat de l'UN, Alex Kande.
La Commission électorale indépendante (CEI) n'annoncera officiellement que vendredi ces résultats provisoires, qui devront ensuite être validés par les cours d'appel, en charge du contentieux électoral.
Ce vote, qui s'est déroulé dans le calme et sous le regard de nombreux
témoins et observateurs, met un terme à un feuilleton politico-judiciaire de
15 jours, après deux reports successifs du scrutin.
La CEI avait justifié ces reports en expliquant qu'elle devait procéder à l'examen du dossier des deux candidats de l'opposition, accusés par un parti de l'AMP d'avoir une double nationalité – ce qui est illégal.
L'UN avait dénoncé une cabale du camp présidentiel et saisi la justice, qui avait contraint la CEI à tenir les scrutins, avec les candidats concernés.
Cette affaire a fait ressurgir le débat sur la double nationalité, créant de vives tensions au sein de l'Assemblée nationale, où le MLC menaçait de révéler une soixantaine de noms de personnalités soupçonnées de jouir d'une double nationalité.
L'Assemblée s'est finalement prononcée pour l'extension du délai de mise en conformité avec la loi sur la nationalité, repoussant à un avenir lointain la création éventuelle d'une commission d'enquête réclamée par le MLC.
La coalition de Joseph Kabila domine l'ensemble des institutions élues depuis la fin 2006 en RDC, vaste pays d'Afrique centrale sortant d'une difficile transition politique entamée en 2003 après une guerre régionale de près de cinq ans.
Les scrutins du Kasaï se sont déroulés dans un climat politique crispé, dans la foulée de sénatoriales entachées de corruption selon des observateurs, et alors que l'élection des gouverneurs est contestée par le MLC à Kinshasa et au Bas-Congo (ouest).
Dans cette dernière province, la contestation électorale a dégénéré fin janvier en violents affrontements entre forces de l'ordre et une secte politico-religieuse alliée au MLC, faisant 134 morts selon l'ONU.