VirungaNews

16/06/12

GASEBEYA- L’artillerie lourde des forces gouvernementales a pilonné nombreux villages dans la province du Nord-Kivu, massacrant des centaines des personnes dans les localités de Runyoni, Mbuzi et Chanzu.  Notre  correspondant sur place nous a confirmé la complète destruction de Gasebeya et Gitovu, villages situés dans le territoire de Rutshuru. Nombreux paysans affirment que les hélicoptères de combat de l’armée gouvernementale ont déchargés des milliers de bombes  sur des agglomérations habitées par des civils, tuant et calcinant nombreux habitants refugiés dans leurs cases.

Un notable a confié à VirungaNews qu’il n’arrivait pas à joindre la MONUSCO et Human Right Watch, demandant à notre correspondant de lancer un cri détresse pour dénoncer la folie meurtrière d’un pouvoir qui tue sa population.  

Intentionnellement, les obus de Kinshasa ont également endommagé les conduites d’eau potable qui ravitaillent les localités de Jomba et Bunagana.  Nombreux habitants n’y trouvent que représailles face à une population qui a décrié avec force l’incompétence du gouvernement lors du passage à Bunagana d’une forte délégation gouvernementale qui aux dires des paysannes n’apportait que la guerre dans ses bagages.

Nombreux villageois rapportent que les FARDC (armée gouvernementale) fuyaient l’avancée du M23 en pillant les biens des personnes et en abattant les chèvres et les vaches sur leurs passages.  Un hélicoptère de combat a même atterri tout près d’un troupeau des vaches, le pilote et son mécanicien ont dépecé la jambe arrière d’une vache, abandonnant l’animal gémissant de douleur après avoir éloigné les bergers par des tirs en l’air. L’appareil chargé d’un « butin de guerre » a repris son vol à destination de Goma.  Au Kivu, le sobriquet de Katanyama (Bouchers) désigne les FARDC, cette appellation tire son origine des pratiques barbares observées sur une armée déployée pour soi-disant restaurer l’autorité de l’Etat.

Aux dernières nouvelles, Les FARDC ont perdus successivement Bugina, Kabindi, Chengerero, Rwankuba, Rutsiro, Nkonkwe, et Gasebeya.  Des colonnes entières des militaires habillés en civil portant des colis se dirigent vers Goma après qu’ils aient abandonnés  armes et munitions sur le champ de bataille.  A Goma les gens avec un brin d’humour parlent à voix basse  d’une « livraison à domicile » faite au M23.

Clôturant ce billet, nous venons d’apprendre l’arrestation à Goma de Sendugu Museveni, Président du parti politique PARECO, détenu arbitrairement au cachot du service des renseignements militaires (T2).  Ceci fait dire à plus d’une personne à Goma que la chasse aux Rwandophones a commencé.

Dans un communiqué du 15 juin 2012 signé par le Colonel Makenga Sultani, le M23 prend à témoin la communauté nationale et internationale en exigeant la fin de cette chasse à l’homme ainsi que la liberation immédiate et sans conditions des citoyens arrêtés abusivement, faute de quoi le mouvement promet de prendre pleinement et amplement ses responsabilités.

En s’attaquant aux civils, les décideurs politiques de Kinshasa viennent de s’aliéner le peu d’estime qu’ils avaient auprès d’une population persécutée par les dictatures successives. 

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