AFP
31/05/07
L'archevêque de Bukavu (est) a mis en garde contre les risques d'une "nouvelle guerre" dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et s'indigne du "silence" des autorités après un récent massacre de civils, dans un message dont l'AFP a reçu jeudi une copie.
"Les éléments sont apparemment réunis pour une nouvelle guerre au Sud-Kivu", affirme Mgr François-Xavier Maroy dans une lettre remise en début de semaine à l'ambassadeur de France en RDC, Bernard Prévost, en déplacement à Bukavu (capitale du Sud-Kivu).
L'archevêque explique vouloir "prendre à témoin" la communauté internationale dans un courrier au ton alarmiste et agressif.
Il dénonce notamment "un mouvement d'infiltration massif en provenance du Rwanda" voisin, l'inefficacité de l'armée congolaise et s'interroge sur les motivations d'officiers issus d'une ex-rébellion soutenue par le Rwanda pendant la dernière guerre sur le sol congolais (1998-2003).
Il affirme que les "banyamulenge (tutsis congolais du Sud-Kivu) sont instrumentalisés pour provoquer la guerre" et que certains quittent déjà les hauts plateaux du Sud-Kivu pour trouver refuge dans les pays voisins (Rwanda et Burundi).
Contactés par l'AFP, plusieurs officiers congolais du Sud-Kivu ont démenti tout mouvement "massif" d'infiltration, tout en reconnaissant la porosité de la frontière.
"Les rumeurs d'infiltration ne datent pas d'aujourd'hui. On veut fait croire à la population que l'armée ne fait absolument rien. (…) Le problème du Kivu est réel, l'insécurité a atteint des proportions inquiétantes, mais ce genre de message (celui de Mgr Maroy) renforce la haine", a indiqué un officier basé près d'un poste-frontière.
"Les rumeurs d'infiltration ne datent pas d'aujourd'hui. On veut fait croire à la population que l'armée ne fait absolument rien. (…) Le problème du Kivu est réel, l'insécurité a atteint des proportions inquiétantes, mais ce genre de message (celui de Mgr Maroy) renforce la haine", a indiqué un officier basé près d'un poste-frontière.
De son côté, le président de la communauté banyamulenge, Enock Sebineza, a confirmé des déplacements de familles vers les pays voisins, du fait de l'insécurité dans leurs villages et d'une mauvaise saison agricole, s'insurgeant contre la stigmatisation de sa communauté.
Par ailleurs, Mgr Maroy s'indigne du "silence des institutions de la République" et de la passivité de la communauté internationale après le massacre le week-end dernier de 18 civils par de présumés rebelles hutus rwandais à Kanyola, à 50 km à l'ouest de Bukavu.
Certains de ces rebelles sont accusés par Kigali d'avoir participé au génocide rwandais de 1994 avant de fuir dans l'est congolais voisin, où ils sont actuellement estimés à plus de 10.000 par l'ONU.
Traditionnel allié du chef de l'Etat, Mgr Maroy appelle Joseph Kabila à prendre "ses responsabilités" et à envoyer "des troupes d'élite qui doivent contrer la guerre imminente au Nord et au Sud-Kivu".
Il met violemment en cause la gestion des forces armées, envoyées au front "sans logistique ni ravitaillement suffisant" et appelle enfin le gouvernement à considérer le problème de la sécurité dans l'est "comme une priorité" et à cesser "de distraire l'opinion avec des plans de négociation, de dialogue, de table ronde qui n'aboutiront à rien".
AFP