RDC: L’affaire de l’Uranium : Les anciens ministres des Mines et de la Recherche seront entendus.

(KGM)

8/03/07

L’enquête se poursuit, apprenons-nous, à un rythme soutenu à l’Inspection générale de la Police judiciaire des Parquets sur ce que Le Phare a appelé « La nouvelle affaire de l’Uranium » (Edition n°3032 datée du mercredi 07 mars 2007, page 3). Une affaire qui a déjà donné lieu à l’interpellation de deux dirigeants du Commissariat Général à l’Energie Atomique, plus précisément le Commissaire général et le Directeur scientifique.
Selon les éléments d’information recueillis par Le Phare, les deux personnalités sont détenues, pour audition et disposition dans les locaux du Casier judiciaire, à Gombe.

Faux en écriture, détournement et trafic des matières nucléaires sont les griefs, a appris Le Phare, formulés à ce stade par les enquêteurs contre les deux dirigeants du Commissariat Général à l’Energie Atomique. Concrètement, il s’agit de la disparition d’une cinquantaine de « Casques » et de deux barres d’uranium. Une affaire, selon les initiés, qui remonte à l’époque du décès de Laurent-Désiré Kabila, peut confirmer Le Phare.
Les casques, a encore appris le quotidien de l’avenue Lukusa, avaient été à l’époque envoyés pour un test au Commissariat Général à l’Energie Atomique. Mais personne, à ce jour, ne sait dire où ils sont allés par la suite, aussitôt le test terminé. Certaines sources croient, pour leur part, savoir que les « convoyeurs » de ce matériel sensible l’avaient acheminé au Centre de Kibomango, sans plus de précision.
S’agissant des deux barres d’uranium, la filière sicilienne n’a toujours pas, jusqu’ici, donné des résultats concrets. La police italienne, a encore appris Le Phare, avait en effet retrouvé l’une de ces barres, avec les indicatifs du Centre de Kinshasa, en Sicile. Depuis, on n’en sait pas plus, ni sur les tractations engagées par le gouvernement congolais, ni sur la véritable destination prise par la barre d’uranium.
La question à laquelle les enquêteurs vont tenter de résoudre est donc de savoir comment les deux dirigeants du Commissariat Général à l’Energie Atomique se retrouveraient impliqués dans une affaire qui se serait passée au moment où ils n’étaient pas aux affaires.
S’agissant du grief de trafic des matières nucléaires, Le Phare subodore un lien avec le protocole d’accord signé l’année dernière entre la RDC et la Société britannique Brinckley Africa pour la recherche, l’exploration et la production d’uranium. Le site de Shinkolobwe étant fermé, tout porte à croire que le protocole d’accord concerne l’uranium de production artisanale, dont tout le monde sait à quel point il expose les populations pauvres du Katanga à de graves irradiations, annonciatrices de maladies cancéreuses et de malformations congénitales.
Reste que là aussi, la question est de savoir ce qui est réellement reproché aux deux responsables interpellés, dès lors qu’ils auraient signé le protocole d’accord au nom et avec la bénédiction du gouvernement.

Les ministres de la Recherche et des Mines sortants seront entendus

Ainsi que nous le disions déjà dans notre livraison de mercredi, l’affaire fait, naturellement, grand bruit dans les milieux gouverne-mentaux, diplomatiques, scientifiques et académiques. Tout le monde se demande notamment à quoi rime cette nouvelle affaire de l’uranium qui met tristement sur la sellette la République Démocratique du Congo, après la publicité négative qui lui a été faite l’année dernière avec l’accusation – démentie – de vente d’uranium à l’Iran.
Sans être dans le secret de l’enquête, il est ainsi permis de supposer que, mal gérée, cette affaire risque de faire mal. Notamment parce qu’elle exigerait d’interroger tous ceux qui, de près ou de loin, avaient eu à gérer ou à cogérer le dossier des casques récupérés à la Présidence de la République après la disparition de Mzee Laurent Désiré Kabila.
Pour revenir, plus près, au protocole d’accord signé avec Brinckley Africa, la moindre des choses serait d’interroger les ministres ayant eu à gérer le dossier, afin de situer clairement les responsabilités des deux dirigeants du Commissariat à l’Energie atomique interpellés et d’identifier ceux des acteurs de l’ombre dont le rôle n’apparaît pas, à ce stade, avec clarté.
Apparemment, telle semble aussi être la préoccupation des enquê-teurs. Le Phare a pu ainsi apprendre que les ministres sortants des Mines et de la Recherche scientifique devraient, dans les prochaines heures, être auditionnés au Casier judiciaire. Dans le même ordre d’idées, on nous signale que le retentissement de ce dossier est tel que le Procureur général de la République aurait exigé un rapport complet sur ses tenants et aboutissants. Nul doute que les prochains jours nous réservent de nouvelles révélations.

 

Le Phare

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