AFP
10/12/08
Les négociateurs de la rébellion congolaise de Laurent Nkunda ont indiqué mercredi soir vouloir quitter les pourparlers entamés à Nairobi avec le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC), mettant en cause l'impartialité de la médiation.
"Nous ne pouvons pas continuer à siéger avec une médiation qui a pris parti", a déclaré le porte-parole du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Bertrand Bisimwa.
"Nous préférons rentrer pour nous occuper des souffrances de notre peuple", a-t-il ajouté dans un entretien téléphonique avec l'AFP à Kinshasa. "Nous sommes en train de saisir notre direction politique pour qu'elle avalise notre décision de rentrer."
Un peu plus tôt, le médiateur de l'ONU, Olusegun Obasanjo, avait évoqué un "blocage" des négociations dû à la volonté du CNDP de discuter de la situation globale en RDC et non pas simplement du conflit au Nord-Kivu (est) et de l'absence de pouvoir de décision de la délégation rebelle aux pourparlers.
"Nous sommes très choqués par les déclarations de M. Obasanjo (…) Nous nous sentons blessés, trahis par la médiation", a affirmé M. Bisimwa, en défendant les revendications nationales du CNDP.
"Nous ne pouvons pas prendre la responsabilité de ne traiter que la question de l'Est, parce que nous ne voulons pas entrer dans une logique de balkanisation du territoire", a-t-il argué.
De plus, "nous sommes la seule délégation à avoir présenté un mandat dûment signé par l'autorité compétente", a assuré le porte-parole.
Pour lui, les déclarations "injustes" de l'ancien président nigérian sont "une manière de dire au CNDP de partir."
La province du Nord-Kivu fait face depuis fin août à une reprise des affrontements entre d'un côté le CNDP et de l'autre l'armée alliée à d'autres groupes armés.
La rébellion du général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda a infligé d'humiliantes défaites à l'armée régulière et campe depuis fin octobre aux portes de Goma, capitale du Nord-Kivu.
Ces combats ont jeté sur les routes plus de 250.000 personnes, survivant dans des conditions catastrophiques.
Le CNDP a décrété unilatéralement un cessez-le-feu fin octobre, qui a permis le maintien d'un calme très précaire.
Lundi, pour la première fois, des émissaires de la rébellion et du gouvernement congolais s'étaient réunis à Nairobi sous l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU pour tenter de trouver une issue négociée à la crise.
Ils n'avaient toutefois pas entamé les discussions de fond, se consacrant aux débats sur le cadre de leur dialogue.
AFP