RDC: La fin de la recréation ou le début d’une kermesse

Antoinette K. Kankindi

Nairobi, 09/02/07    

Tant d’ancre a déjà coulé après le sang d’innocentes populations déjà éprouvées par une instabilité qui n’a duré que trop longtemps au Congo. La chose la plus ahurissante à observer en ce moment c’est le silence aussi bien du président récemment élu au Congo, que celui de son premier ministre désigné, quant aux massacres qui ont eu lieu successivement en Ituri, à Minembwe, à Walungu et au Bas-Congo.  Au lieu de sortir de leur silence pour montrer au peuple qu’il est le souverain primaire dont ils parlaient pendant la campagne, et face auquel ils ont tous les deux des comptes à rendre, ils se sont empressés de publier la liste du gigantesque premier gouvernement de la dite troisième République. On peut imaginer très bien la trame de la pièce de théâtre: un pays hors de souffle dans l’attente de son gouvernement d’un coté; et de l’autre des massacres en cascade ressemblant à des flux de brousse en saison sèche. La solution la plus accommodante c’est présenter le gouvernement pour que le peuple se réjouisse, diversion d’aucuns diraient, que la fête commence chez les nouvellement ministrés, et que les massacres soient relégués dans un coin. Vive la kermesse surtout au sein de l’AMP, c’est à dire à tous les échelons du nouvel appareil institutionnel du Congo!

Mais une question doit être posée ici: jusques à quand un pouvoir central se comportera-t-il de manière aussi arrogante? A Minembwe et Walungu, il faut subir les exactions des Interahamwe indéfiniment sans qu’aucune possibilité ne soit donnée aux populations locales de se défendre? Au Bas-Congo, il faut subir la répression du pouvoir central si l’on ose protester contre une corruption fragrante dans le choix de quelqu’un qui sensé assumer la responsabilité de la gestion locale de toute une province? D’un coté comme de l’autre la réaction est prise pour une rébellion à réprimer ou une insurrection à soumettre en faisant fi de la réalité. Toujours un pouvoir central qui n’a que faire des aspirations du peuple là ou il se trouve!Un pouvoir centralisé dans un pays à une si riche variété humaine et géographique comme le Congo fera toujours plus de mal que de bien. La nouvelle Constitution a trompeusement donné l’impression de résoudre la question en instituant une décentralisation si contrôlée que le peuple ne tardera pas à réaliser l’erreur commise en la votant. Il y a cependant une marge de manœuvre: la Constitution de la troisième République n’est pas l’oeuvre ni d’une assemblée constituante, ni d’un groupe de Pères Fondateurs d’une nation. Les observateurs objectifs savent très bien d’où elle est venue. Le peuple est en droit d’exiger qu’un certain nombre de ses dispositions soient remises en question, surtout toutes les dispositions ayant trait à la structure de l’Etat. La réalité du pays exige plus une fédération qu’une décentralisation, mais une fédération à partir de la base, ferment de l’identité qui construit une nation solide et pas une bande de novices en mal d’aventures politiques.

 

 

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