AFP
29/11/08
L'envoyé spécial de l'ONU pour la République démocratique du Congo (RDC), Olusegun Obasanjo, a affirmé samedi "avoir fait avancer la cause de la paix" dans la province déchirée du Nord-Kivu, après un entretien avec le chef rebelle Laurent Nkunda.
Malgré les efforts de médiation de M. Obasanjo, qui avait rencontré la veille le président Joseph Kabila, chaque camp semblait toutefois camper sur ses positions.
"Aujourd'hui, nous avons pu faire avancer la cause de la paix", a déclaré l'ex-président nigérian, à l'issue de sa deuxième tournée en RDC depuis sa nomination le 3 novembre comme émissaire de l'ONU dans l'ex-Zaïre.
Promettant des "évolutions", il n'a pas donné plus de détails sur sa rencontre avec Nkunda, dans la localité de Jomba, à 80 km au nord de Goma, la capitale provinciale.
Lors de sa première visite "exploratoire", M. Obasanjo avait reçu une liste de huit revendications du général mutin, qui exige notamment l'ouverture de négociations directes avec le gouvernement.
Le chef rebelle a insisté de nouveau samedi sur sa volonté de négocier directement avec le gouvernement. Mais les deux parties semblent toujours achopper sur "le cadre" du dialogue, le gouvernement souhaitant inclure dans les pourparlers l'ensemble des groupes armés de la région.
L'ex-président "Obasanjo nous a clairement dit que Kinshasa était disposé aux pourparlers et qu'on pouvait revoir certaines choses, mais dans le cadre du programme Amani", a rapporté Laurent Nkunda.
Ce programme, lancé en janvier, concerne tous les groupes armés congolais des provinces voisines du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont les milices pro-gouvernementales Maï-Maï.
"S'il n'y a pas de négociations (directes), ça veut dire qu'il y aura la guerre (…) Si notre gouvernement n'est pas prêt à le faire, cela signifie qu'il choisira la voie des armes", a encore tonné M. Nkunda.
Ces menaces n'ont pas fait plier le gouvernement. "Kinshasa n'a lâché en rien de sa position. Le processus Amani est le seul cadre", a rétorqué Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. "Il n'y aura pas de mécanismes pour discriminer un groupe par rapport aux autres", a-t-il ajouté.
Ce blocage compromet une sortie de crise négociée dans la province du Nord-Kivu, où les combats ont repris depuis fin août entre d'un côté le Conseil nationale pour la défense du peuple (CNDP) de M. Nkunda et de l'autre l'armée gouvernementale, ses alliés Maï-Maï et des miliciens hutus rwandais.
Fin octobre, après s'être avancé jusqu'aux portes de Goma, le CNDP avait unilatéralement proclamé un cessez-le-feu et après la première visite de M. Obasanjo, les hostilités avaient baissé d'un cran dans le Nord-Kivu.
Une précaire accalmie règne depuis sur la ligne de front en périphérie nord de Goma, à 1.500 km à l'est de Kinshasa, et la rébellion s'est retirée volontairement de près de 40 km sur plusieurs axes plus au nord.
Les troupes du CNDP ont cependant mené cette semaine plusieurs opérations qu'elles ont qualifées "d'opérations de sécurisation" contre des miliciens pro-gouvernementaux. La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a estimé qu'il s'agissait de véritables opérations militaires et de "violations" répétées du cessez-le-feu.
Samedi, les affrontements se sont poursuivis entre miliciens Maï-Maï et troupes rebelles dans le territoire de Masisi, à 50 kilomètres à l'ouest de Goma, où la Monuc a constaté depuis quelques jours une avancée du CNDP.
Avant de repartir pour Nairobi, M. Obasanjo, qui était accompagné de l'ex-président tanzanien, Benjamin Mkapa, envoyé de l'Union africaine, a également rencontré des représentants des Maï-Maï.
AFP