AFP
12/11/11
Le président de la RD Congo (RDC), Joseph Kabila, proclamé réélu par la commission électorale, a reconnu lundi des "erreurs" lors de la présidentielle du 28 novembre mais a estimé qu'elles n'invalidaient pas les résultats du scrutin, rejetés par l'opposition qui pourrait appeler à des "marches pacifiques" pour protester.
"Y a-t-il eu des fautes, des erreurs ? Bien sûr, comme lors des autres élections sur le continent ou ailleurs. Mais cela jette-t-il un doute sur la crédibilité de ces élections ? Je ne pense pas", a déclaré le président Kabila lors d'une conférence de presse à Kinshasa.
Selon la Commission électorale (Céni), Joseph Kabila a obtenu 48,95% des suffrages contre 32,33% à à l'opposant Etienne Tshisekedi, qui a rejeté "en bloc" ce résultat et s'est autoproclamé "président élu" de la RDC.
M. Kabila s'est dit "pas surpris du tout" de l'autoproclamation de son vieux rival qui l'avait fait "avant la campagne (électorale), pendant la campagne, et après les résultats de l'élection".
"La situation dans le pays est calme, a été calme, et continuera à rester calme, je suis très confiant", a-t-il assuré alors que dimanche, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé la situation "explosive" en RDC, après des violences ayant suivi l'annonce vendredi des résultats et qui ont fait au moins quatre morts à Kinshasa.
"Les gens dans ce pays n'ont pas besoin, ne veulent pas d'autres troubles, une autre crise. C'est la dernière chose dont nous avons besoin au Congo", a ajouté le chef de l'Etat.
Le camp Tshisekedi a indiqué qu'il pourrait appeler à des "marches pacifiques" pour protester contre la réélection de Kabila, tout en souhaitant que la communauté internationale réponde à l'appel lancé vendredi par l'opposant pour "trouver une solution". "Nous n'en sommes pas encore là", a toutefois nuancé le chef d'un parti allié à Tshisekedi, au sujet des marches.
Après la mission d'observation du Centre Carter qui a jugé samedi que le processus électoral "manquait de crédibilité" en relevant des "irrégularité graves", l'archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, a estimé que les résultats n'étaient "pas conformes à la vérité ni à la justice."
La mission d'observation du scrutin par l'église catholique -35.000 observateurs déployés-, et les autres missions "posent sérieusement une question de crédibilité de ces élections, comme vient de l'attester le rapport du Centre Carter", a déclaré Mgr Monsengwo.
L'ONG de l'ancien président américain Jimmy Carter a notamment relevé la perte de 3.000 plis de résultats de bureaux de vote, représentant 850.000 électeurs, et des nombreux scores de 100% des voix obtenus par M. Kabila au Katanga (sud-est).
Le président de la Céni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, a qualifié lundi de "nulle et sans effet" la déclaration du Centre Carter, sont les 70 observateurs n'étaient déployés "que dans 25 centres locaux de compilation des résultats sur 169".
Il a révélé que les résultats de 3.449 bureaux de vote n'ont pas été pris en compte, soit 1,3 million de voix "perdues", qui "ne changent pas le résultat", si elles étaient ajoutées au score de M. Tshisekedi. L'écart entre les deux rivaux a été de plus de 3 millions de voix.
A Kinshasa, après les violences de vendredi et samedi, la vie a repris timidement mais la tension reste vive. Les taxis étaient plus nombreux, des commerces ont rouvert mais pas encore les écoles.
Les forces de l'ordre quadrillent toujours la capitale, où l'armée est aussi présente mais moins visible, et continuent de disperser violemment les regroupements d'opposants et procède à des arrestations.
Une vingtaine de personnes ont été interpellées le matin en possession d'une dizaine de cocktails molotov, dans le quartier de Limete (est), selon la police. D'autres ont été arrêtés avec des armes, selon la même source.
Le dépôt des recours devant la CSJ se terminait lundi à minuit. L'opposant Vital Kamerhe -3e de la présidentielle, en a déposé un pour que "la vérité soit dite", a-t-il dit à la presse, de même qu'une habitante qui demande l'annulation des élections, a-t-on indiqué à la Cour en fin de journée.
M. Tshisekedi a dit que "jamais" il ne recourrait à la CSJ, la qualifiant d'"institution privée de M. Kabila".
Si elle rejette les recours, la CSJ proclamera samedi les résultats officiels de la présidentielle.
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