Antoinette K. Kankindi
Navarre, 12/01/08
Il y a une question à laquelle les amis ne savent plus répondre quand la discussion tourne autour des affaires africaine : pourquoi Ms Frazer s'acharne-t-elle à soutenir ceux qui pratiquent le hold-up électoral en Afrique. Son approche aux différentes crises africaines ne semble être que celle-là tel que l'a attesté son passage en RDC, sa participation lors de la signature de l'Accord de Nairobi (tombé dans l'oubli déjà ?) et maintenant au Kenya. On lui accorde le bénéfice du doute puisqu'il est possible qu'elle pense que les africains ne sont pas capables de faire mieux ni autrement. Elle, comme toute la communauté internationale, prend l'Afrique pour une sorte de cirque gigantesque. Dans un vrai cirque néanmoins, il y a un metteur en scène, un directeur, et toute l'équipe sait très bien ce qu'il faut faire à tout moment. Il y a des amateurs dangereux dans l'organisation du cirque des crises africaines. Inquiétant.
L'amateurisme de la Monuc dans ce qu'elle a appelé un «simple incident» aurait provoqué le licenciement d'un metteur en scène d'un cirque authentique. La tentative d'arrestation du Major SERAPHIN MIRINDI, porte-parole militaire du CNDP à la Conférence de paix de Goma, a été qualifiée par Kemal Saiki, jeudi déjà, comme un simple incident. Sur la version anglaise du site de la Monuc il disait, dans un langage absolument léger, ce qui équivaut à : « le type (the guy) n'a pas été arrêté, ni molesté… ». Il faut être de la Monuc pour prendre une manœuvre d'intimidation et de provocation pour un simple incident. La réaction ferme et déterminée de la délégation du CNDP a montré aux conférenciers de Goma, pourquoi le mouvement a des sympathisants inconditionnels. Puisque le CNDP comme tous ses sympathisants sont intéressés par la paix d'abord, et la paix dans la transparence, on ne peut qu'applaudir l'attitude de sa délégation. Elle a certes manqué aux présentations du jeudi, mais sa fermeté a joué à temps pour couper court au possible chantage et autres manoeuvres des amateurs de la Monuc ou la présidence.
Entre temps, l'inflation de la Conférence ne choque en rien les medias congolais. Comment en est-on arrivé à faire des chiffres bien plus grands que n'ont compté la CNS, Sun City, ni aucune autre assise sur la restauration de l'autorité de l'Etat au Congo ? Fera-t-on une conférence pour entériner la déliquescence du pays à Kahemba et Aru, ou pour mettre fin au traitement que subissent les adeptes du BDK, entre autres. Que fera Kabila si les autres provinces, comme le dit si gentiment l'auteur des « Confidences d'un chauffeur de ministre » (la rubrique la plus intéressante du quotidien de Jaynet Kabila) exigent leurs respectives conférences? Si comme a informé le ministre, patron du chauffeur, le mot « paix », à Goma, s'est prodigieusement métamorphosé en « pain », c'est qu'il y a un problème. Ce n'est plus une conférence de paix, mais une conférence de pain. Ce qui expliquerait la progression géométrique du chiffre des participants. On se demande bien alors comment dégagera-t-on des résolutions concernant la sécurité et le développement. L'inflation de la conférence risque vraiment de devenir un obstacle. Elle contribue par osmose à éviter pour une énième fois la vraie cause de l'insécurité. Tout le monde désire la paix, mais il ne s'agit pas de n'importe quelle paix. Raison pour laquelle, il faudra nécessairement faire suite aux revendications légitimes qui sont des droits réels. Et ceux-ci requièrent bel et bien des négociations de paix et non de pain, la première étant condition du dernier.
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