AFP
26/11/08
Le Conseil de sécurité a entendu mercredi des appels à renforcer le mandat de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc), afin de pallier les défaillances de l'armée gouvernementale qu'elle est censée appuyer.
"Il est essentiel de réviser le mandat de la Monuc à la lumière des récents événements au Nord-Kivu, afin de l'adapter aux nouvelles réalités", a déclaré le chef de cette mission, le représentant de l'ONU en RDC Alan Doss, lors d'un débat public au Conseil.
"Un élément central de l'actuel mandat est d'appuyer les opérations des FARDC" (Forces armées de la RDC), a dit M. Doss. "Mais les défaillances des FARDC ont obligé la Monuc à assumer temporairement des responsabilités supplémentaires", a-t-il ajouté.
"Alors que le Conseil de sécurité délibère sur le mandat de la Monuc", qui expire fin décembre, "il est essentiel que des directives claires lui soient données sur ce qu'elle doit faire quand des groupes armés ou des éléments indisciplinés des FARDC violent un cessez-le-feu ou commettent des violations des droits de l'homme", a-t-il expliqué.
M. Doss a toutefois mis en garde contre le danger qu'il y aurait à "charger la Monuc de tâches irréalistes". "La Monuc doit demeurer une force de maintien de la paix et non pas devenir une force d'imposition de la paix", a-t-il dit.
Les opinions divergent parfois au sein du Conseil de sécurité sur les termes d'engagement des Casques bleus de la Monuc, notamment sur le point de savoir s'ils peuvent utiliser la force de manière proactive pour empêcher des exactions.
Parlant ensuite à la presse, M. Doss a reconnu que la nuance entre maintien de la paix et imposition de la paix était "étroite".
"Nous devons clarifier dans quelles circonstances et comment nous utilisons la force et dans quel but", a-t-il expliqué. "C'est important pour les pays contributeurs de troupes et pour les unités sur le terrain, ainsi que pour le gouvernement congolais", a-t-il dit.
Le ministre belge des affaires étrangères, Karel de Gucht, a émis un avis similaire. "Les FARDC peuvent difficilement constituer le seul socle de notre stratégie contre les groupes armés, qu'ils soient étrangers ou congolais", a-t-il dit, estimant que "la Monuc devrait davantage venir en premier plan".
Depuis la reprise du conflit fin août dans l'est de la RDC, les FARDC ont subi un série de cuisants revers face aux rebelles du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) du général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda. La déroute des FARDC a laissé la Monuc seule face à la rébellion, notamment devant Goma, la capitale du Nord-Kivu.
La semaine dernière, le Conseil de sécurité a octroyé plus de 3.000 hommes supplémentaires à la Monuc, à la demande de M. Doss, pour lui permettre de mieux faire face à la situation militaire et humanitaire critique dans la région.
L'ONU doit maintenant trouver ces 3.000 hommes et le Conseil doit renouveler le mandat de la mission avant fin décembre, ce qui fournit l'occasion de le réviser.
L'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Maurice Ripert, a indiqué à la presse que ses services préparaient une résolution en ce sens, qui visera à définir un mandat "très concentré sur la protection des civils".
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