B. Amba Wetshi
30/01/07
Le secrétaire général des Nations Unies a manifestement été bien briefé avant d’atterrir à Kinshasa et à Kisangani où il a été reçu par Joseph Kabila. Le numéro un Onusien a rappelé au personnel politique congolais l’urgence d’assumer leurs responsabilités. Sans omettre que la communauté internationale ne sera pas indéfiniment au chevet du Congo-Kinshasa.
Arrivé vendredi 26 janvier à Kinshasa pour un séjour de 48 heures, le sud-coréen Ban-Ki Moon a rencontré tout le gratin du microcosme politique congolais. Bien informé sur le mal être politique et sociale de la RD Congo, le successeur de Kofi Annan était manifestement porteur de deux messages subliminaux. Primo : l’Etat congolais doit enfin s’occuper des vrais problèmes existentiels de sa population. Secundo : en dépit de sa bonne volonté, la communauté internationale ne pourrait indéfiniment remplir les missions incombant aux pouvoirs publics congolais. Le diplomate onusien s’est félicité du bon déroulement du processus électoral en cours d’achèvement par l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces. Au cours d’une conférence de presse tenue, samedi 27, dans la capitale, Ban a exhorté la population congolaise à préserver les « acquis » de ces consultations politiques.
« Les Congolais doivent consolider les efforts du processus démocratique entamé depuis décembre 2002 à Sun City (Afrique du Sud), pour promouvoir la stabilité, la sécurité et le maintien des acquis, à l’issue des scrutins organisés à tous les niveaux », a-t-il déclaré.
Bonne gouvernance
Pour lui, en cette période post-électorale, les dirigeants de la RD Congo doivent promouvoir la « bonne gouvernance» laquelle constitue « la clé de toute réussite ». Le numéro un Onusien est manifestement au courant de la corruption qui gangrène tous les grands corps de l’Etat. Pendant ce temps, la population est incapable de satisfaire ses besoins fondamentaux. Dans une intervention devant l’Assemblée nationale, Ban Ki-Moon a appelé l’attention des députés congolais sur les « défis gigantesques » qui les attendent. Quels sont ces défis ? L’orateur est allé droit au fond du problème : « Il faut améliorer les soins de santé, garantir l’accès à l’éducation, assurer des services de base, remettre en état l’infrastructure et fournir tout le pays en eau potable ». Un appel à promouvoir un Etat au service de l’intérêt général.
De fil en aiguille, Ban d’inviter la représentation nationale congolaise à prendre les dispositions adéquates en vue de rétablir « l’autorité de l’Etat » et de faire triompher la « primauté du droit » sur l’ensemble du territoire national. Pour lui, celles-ci constituent deux facteurs indispensables à la consolidation de la paix et de la démocratie. Le secrétaire général de l’ONU n’a pas manqué de relever que les élections ne suffisent pas pour instaurer une ambiance libérale dans un pays. Elles en constituent certes le pivot.
Droits humains
Dans son rapport daté 6 décembre dernier, la division Droits de l’Homme de la MONUC relève notamment les arrestations arbitraires opérées dans les rangs de l’opposition depuis l’annonce de la victoire de Joseph Kabila. L’embastillement de l’avocate Marie-Thérèse Nlandu Mpolo est cité dans ce document. Il en est de même des journalistes. Ces violations massives des droits humains sont l’œuvre des agents appartenant à la Direction générale des services spéciaux de la police. Une unité dépendant directement de la Présidence de la République. Autrement dit, de Kabila en personne. « Pour être saine et florissante, la démocratie a besoin d’une véritable opposition politique où chacun peut s’exprimer librement et sans peur d’être intimidé », a fait remarquer le secrétaire général de l’ONU qui a appelé « à plus de justice et de sécurité » devant les députés. « Il n’y a pas de démocratie sans justice », a-t-il ajouté affirmant que sur ce plan, « il reste encore beaucoup à faire pour garantir l’existence d’un système de justice efficace, d’assurer la protection des droits de l’homme et de mettre fin à l’impunité ». Le même samedi, le patron de l’ONU s’est entretenu avec le Premier ministre Antoine Gizenga qui parait éprouver toutes les peines du monde à former la première équipe gouvernementale de la IIIème République. Les deux hommes ont évoqué des questions relatives à la mission de l’ONU en RD Congo. Un budget annuel estimé à un milliard $ US est nécessaire pour l’entretien des troupes onusiennes estimées à 17.000 hommes. En 2006, le mandat de la mission onusienne en RD Congo a été prolongée jusqu’au 25 février prochain.
Armée et police républicaines
Les Etats-Unis sont demandeurs d’un allègement de la présence onusienne dans ce pays qui a cessé, dit-on, de présenter un intérêt vital pour Oncle Sam. Ban a tenu cependant à rassurer le chef du « gouvernement » congolais : « Nous continuerons à travailler avec les autorités congolaises en vue de la prospérité de tout le peuple». Question : jusqu’à quand ?
Dimanche 28, Ban-Ki Moon a été reçu par Joseph Kabila à Kisangani. Au cours d’une conférence de presse tenue à l’issue de cette rencontre, Ban a appelé à la création d’une armée et d’une police professionnelles, bien payées et bien équipées « qui doit être une priorité ». Selon lui, cette armée et cette police doivent être capables d’assurer la sécurité dans l’ensemble du pays, tout en respectant les principes démocratiques et les droits de l’homme. Il a souligné que la réalisation des progrès dans ce « domaine crucial » permettrait à la Mission des Nations Unies au Congo de transférer la responsabilité de la sécurité aux autorités nationales et locales. Et de conclure : « Aussi fort que soit le soutien de la communauté internationale, c’est avant tout entre les mains des Congolais que réside la clef d’un meilleur avenir en RDC».
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