CNDP
02/02/09
Des millions des dollars américain ont été investi après les accords de Sun City pour la restructuration de l’armée nationale enfin de la doter des capacités de répondre aux exigences dévolues à une armée républicaine. Depuis mai 2005, l'Union européenne a établi une mission en RD Congo pour assister la réforme du secteur de la sécurité – EUSEC. L'EUSEC conseille les autorités congolaises sur le processus d'intégration des FARDC et aide à la mise en œuvre de la reforme administrative de l'armée congolaise.
Lors des accords de Sun city, le politique a pris du devant sur le militaire, et aucune approche nouvelle n’avait été prise pour définir en commun accord avec les ex-belligérants ce que devrait être la nouvelle armée de la République Démocratique du Congo. Le chairman du CNDP a depuis 2003 réclamé le M.U, ‘‘memorandum of understanding’’, pour les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Est-il possible de sortir des vieux sentiers battus, même si l’on ne demande pas d’inventer la roue, d’impliquer tous les partenaires enfin de faire les choses autrement pour reconstruire la Nation ?
En déclarant la fin de la guerre le 16 janvier 2009 à Goma, le haut commandement militaire du CNDP demandait au gouvernement la mise sur pieds d’une commission conjointe chargée du suivi de l’intégration des forces combattantes du CNDP dans les forces armées de la République Démocratique du Congo. Pourquoi alors cette précipitation à vouloir intégrer les militaires du CNDP avant même que cette commission conjointe soit instituée pour étudier et revoir l’approche du brassage qui a montré ses limites ? Il s’agit de sortir de l’irrationnel congolais et d’être plus pragmatique. L’exercice de l’armée est un métier qui demande la volonté et la détermination. Ce n’est pas en aménageant des sites pour accueillir les militaires que l’on va construire une armée nationale, l’expérience des brigades formées dans ces centres devraient être une leçon pour les décideurs politiques congolais.
Une étape intermédiaire au brassage des troupes est nécessaire et incontournable pour, d’une part ressouder entre elles des unités de l’armée qui se sont militairement affrontées au cours d’une guerre meurtrière qui aura duré plus de 4 ans et d’autre part, pour permettre au Gouvernement d’élaborer des réponses adéquates aux revendications des uns et des autres. Cette étape intermédiaire est une étape vers la formation d’une véritable armée nationale et républicaine, garante de la souveraineté nationale, de l’intégrité du territoire et de l’exercice légitime de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du Pays.
Brassage des troupes, tel est le mot d’ordre du gouvernement. Mais l’important est de savoir quel est l’objectif à atteindre. S’agit-il d’une opération exclusive pour dissoudre l’armée du CNDP dans les FARDC ? Si-t-elle est l’objectif, on est loin de disposer réellement d’une véritable armée nationale pour sceller et réconforter l’union, consolider la réconciliation nationale ? On assiste à une pièce de théâtre jouée pour contenter je ne sais qui mais sans que les différents acteurs sachent réellement le sens de leur rôle. Les autorités politiques et militaires ont l’obligation morale et politique de répondre sans détours à cette pertinente interrogation. A-t-on résolu par le simple fait du brassage les questions de fond que pose le CNDP et dont une partie des réponses étaient en voie d’être trouver à Nairobi dans les pourparlers directs entre Gouvernement de Kinshasa et CNDP ?
Certains spécialistes du Congo avaient déjà trouvé la réponse à la question de savoir quelle armée pour le Congo. Une armée dissuasive à même de sauvegarder l’intégrité territoriale, de protéger les personnes et leurs biens. Mais surtout de permettre à la RDC de jouer son rôle, en matière de développement, dans les relations internationales. En quelques mots il s’agit de « la professionnalisation des forces armées ». Des fonds avaient été débloqués à cet effet, des brigades entiers formées et envoyées au front en guise d’expérimentation et elles ont été décousues et défaites par des rebelles mal vêtu et mal équipes. A-t-on atteint l’objectif par le brassage ?
Il est vrai qu’une armée professionnelle ne s’obtient pas en un jour, C’est un travail permanent de longue haleine et de dur labeur. Cependant, il faut commencer par y songer, sans parti pris, ni état d’âme et compromission. L’obligation est de s’inscrire dans un contexte global de se doter effectivement d’une armée réellement nationale, républicaine, disciplinée et dissuasive. Aujourd’hui, le brassage a démontré ses limites et ses inconvénients. Il faut revoir vite toute la stratégie. S’il faut recommencer à zéro, en ce qui concerne principalement l’armée, qu’il n’y ait pas d’hésitation, si c’est le prix à payer. Ou alors pourquoi ne pas demander à l’armée du CNDP qui s’est montrée forte à dévoiler son secret au lieu de vouloir détruire ce qui pourrait constituer le noyau de base pour l’armée républicaine tant attendue par le peuple congolais. Cela passe obligatoirement par la mise en place d’une politique cohérente et concertée d’intégration et de formation de l’Armée qui doit comporter à
la fois une instruction technique et civique de qualité et une dotation en solde et en matériel conséquente afin que la défense nationale repose sur des fondements assurés.
Vouloir Mélanger des éléments disparates, venus des groupes différents et à idéologies différentes est à la base de l’échec même du brassage. Il a été constaté sur terrain que les Forces Armées de la République Démocratique du Congo se comportent sur terrain comme des vrais bandits. Les derniers combats contre les militaires du CNDP est une illustration parlante. Alors qu’ils étaient en débandade se sont les populations locales qui avaient payé les frais en se faisant piller, violer, dévaliser par ceux là même qui avaient pour mission de les protéger. Plus récemment on les a vu, accompagnées des forces de la défense rwandaise, demander à leur frères d’armes du CNDP : ‘‘likaya ya makasi eza wapi’’ ? Pour dire où peut on s’approvisionner en drogue ?
Dans cet état des choses, il n’est pas surpris qu’à l’issue du brassage tel que voulu par Kinshasa, des militaires aguerris tels ceux du CNDP en sortent inaptes aux métiers des armes après avoir appris des mauvaises habitudes qui caractérisent les FARDC, communément appelés ‘’katanyama’’ qui ne sont des militaires que par le fait d’avoir une arme pour tuer ou violer et voler, et non pour défendre la nation. S’obstiner à monter une armée sur ces réalités embarrassantes, c’est constituer une « bombe à retardement ». Il sera alors difficile de « reconstruire la Nation ». Car pour construire une nation, un élément important manque toujours, la volonté commune de tous les congolais à vouloir vivre ensemble pour réaliser des projets communs pour le présent et le futur. Pourtant en 1962, juste après les sécessions katangaise, kasaïenne et la rébellion muleliste, il y avait eu brassage qui avait été une réussite. Ce succès, on le doit à la volonté des militaires qui avaient compris la nécessité de disposer d’une armée nationale et de mettre fin à des confrontations armées qui avaient endeuillé le pays et détruit les infrastructures socio-économiques.
Entre temps devant son incapacité de fédérer toutes les forces vives du pays, le gouvernement de Kinshasa, violant le principe sacro-saint de la souveraineté a invité encore une fois encore les armées étrangères pour imposer le brassage et lutter contre les forces négatives étrangères qui pullulent l’est de la RDC. Pour combien de temps ces armées resteront au Congo ? Seul KABILA le sait. Certainement le temps de détruire complètement l’armée du CNDP en la diluant au sein des FARDC. La première phase de brassage des pelletons commence ce dimanche 01 février 2009 à Rumangabo, sur fond de tension, de manipulation, de chantage et d’intimidation. Et quel est le rôle de la MONUC dans tout cela ? Pourvu que nous ayons une armée nationale républicaine à la hauteur de ses tâches.