Demain Le Kasaï
11/04/07
Trois agents de la Miba ont été assassinés par des creuseurs opérant dans le polygone minier appartenant à cette société. La situation est jugée très grave par les autorités du pays, alors que le mouvement politico-militaire de libération du Grand Kasai donne de la voix pour encourager le peuple kasaïen à multiplier ce genre d'actions qui, à en croire son président, le Révérend Julien Ciakudia, symbolisent sa libération.
Dépêché à Mbuji-Mayi, dans l'actuelle province du Kasaï Oriental, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, le général Denis Kalume s'est dit préoccupé par l'insécurité entretenue par des creuseurs clandestins opérant dans le polygone minier de la Miba et organisés en véritables bandes armées. Se confiant à la presse il a annoncé des mesures que nécessite cette situation. Celles-ci vont de la restructuration du commandement de la police des mines à la proximité des cantonnements aux environs même de cette concession, en passant par le renforcement de l'efficacité de l'ensemble des intervenants. Le ministre s'est, toutefois, refusé à en fournir les détails, se limitant à réaffirmer la volonté du gouvernement auquel il appartient de juguler définitivement ce phénomène. Dans un communiqué qu'un vent favorable a fait parvenir à la Rédaction, le Front de libération du Grand Kasaï que préside le Révérend Julien Ciakudia se réclame de ceux qui ont mené ces actions "punitives" et, tout en les en fécilitant, les encourage à continuer celles-ci pour la libération et le respect du peuple kasaïen. Il faut dire que, si les incursions dans le polygone minier ne datent pas d'aujourd'hui, ce qui est nouveau, en revanche, est que les creuseurs clandestins s'attaquent avec armes aux patrouilles de la Miba qui, longtemps, appuyées de mercenaires et bénéficiant de l'impunité totale, semaient la mort et la désolation dans la population civile. Qui a oublié la répression sauvage menée, à l'époque, par la police des mines surnommée « choc » avec de gros moyens dont des hélicoptères ? Deux sujets belges: « Tshia makanda » et Jean-Marie Vernin, auréolés de leurs "tableaux de chasse" fort impressionnants, sont ainsi entrés dans la légende kasaïenne à cause de leur cruauté. Aujourd'hui encore, les creuseurs sont froidement abattus – sans sommation – lorsqu'ils s'hasardent dans ce "polygone de la mort", hélas, situé, au milieu de la population dont une partie avait été déplacée. La Miba, profitant des faveurs de la « loi Bakajika », a acquis et immobilisé de larges concessions sans arriver à les mettre entièrement en valeur jusqu'à ce jour. Encore une fois, ce sont les Kasaïens qui ont payé le lourd tribut, car ayant ainsi été privés de meilleures terres pour l'agriculture. Pire, le diamant sorti de leur sous-sol et que cette société d'économie mixte exploite depuis bientôt un siècle n'a profité ni aux Kasaïens ni aux deux provinces du Kasaï qui offrent un visage de misère comme si, après tout, cette pierre précieuse était la principale cause de tous leurs malheurs.
Demain Le Kasaï