RFI
07/01/11
Floribert Chebeya, le défenseur des droits de l’homme serait-il tombé dans un piège tendu par les services spéciaux de la police en RDC ? C’est en tous cas, la question qui a commencé à être posée lors de la longue audience du procès de l'assassinat du leader de « la Voix des sans voix » qui a repris le jeudi 6 janvier 2011. Floribert Chebeya a été assassiné en juin 2010. Le corps de Fidèle Bazana, son chauffeur et fidèle compagnon n’a jamais été retrouvé. Cinq policiers sont dans le box des prévenus, et comparaissent pour meurtre devant la cour militaire de Kinshasa.
Deux des cinq policiers accusés ont été passés sur le grill pendant près de huit heures. D’abord le jeune commissaire Michel Mwila, sanglé dans un uniforme impeccable. Il a fait face à un feu nourri de questions sur sa visite, trois jours avant le crime dans les locaux de l’association « la Voix des sans voix ». Il venait porter un courrier pour Floribert Chebeya. Son insistance pour rencontrer Chebeya en tête à tête est apparue suspecte, comme s’il venait pour repérer sa proie.
Ensuite son chef, le colonel Mukalay, le plus haut gradé dans le box, n’a pas pu bien expliquer pourquoi il a tenu absolument à faire porter cette lettre à Chebeya en personne. Cette lettre, signée John Numbi – chef de la police – n’était qu’un simple accusé de réception d’un document de Floribert Chebeya alertant sur les conditions de détention dans les cachots de la police congolaise.
Le témoignage du Général Numbi est toujours très attendu. Il est actuellement suspendu. En revanche, la carrière des cinq policiers accusés suit son cours : deux d’entre eux viennent d’être promus –l’un major, l’autre lieutenant-colonel– alors que cela fait six mois qu’ils sont en prison, accusés de meurtre.