Bahati Amani
06/03/08
Aujourd’hui encore, les populations du Bas-Congo sont en train de subir les affres d’un Etat qui n’existe presque pas en République Démocratique du Congo. A Sekebanza, à Matadi, à Luozi comme partout dans cette province réputée pour son pacifisme, les congolais sont victimes des dérapages du pouvoir kabiliste. La manière dont ce pouvoir en
décomposition prétend rétablir l’ordre dans le Bas-Congo ne peut en aucune manière se justifier. Il n’y a aucun argument pour expliquer le massacre des congolais. C’est pourtant ce qui se passe ! Après avoir volé la victoire électorale de l’opposition, le pouvoir tend à légitimer ce hold-up électoral par les armes et la violence. Le régime sanguinaire du jeune
dictateur Kabila, montre par sa façon d’agir, qu’il y a des congolais plus importants que d’autres : c’est ce qui est dommage. Le mouvement spirituel Bundu dia Kongo souffre de sa prise de position en faveur de la vérité en République Démocratique du Congo.
Il est le seul groupe à oser dire au gouvernement que ses agissements ne sont pas acceptables. Etant donné qu’au pays de Joseph Kabila le mot d’ordre est : « tais-toi et souffres ou parles et on te tue », les congolais préfèrent souffrir et se taire. Comme le CNDP, le mouvement Bundu dia Kongo s’est lancé sur le chemin de la recherche de la vérité, mais contrairement au CNDP, il semble avoir mal identifié l’adversaire et ses méthodes. Tant que ces compatriotes ne comprendront pas que Joseph Kabila et sa bande constituent un groupe de sanguinaires sans état d’âme, ils continueront à se faire massacrer comme des mouches. Il faut être aveugle pour ignorer que Joseph Kabila se fiche éperdument de la vie de nos compatriotes. Depuis ses multiples massacres, il n’a jamais présenté ses condoléances aux familles éprouvées. Il n’a jamais regretté les bavures des angolais qui tuent les congolais chez eux. Bien au contraire, il nargue, insulte, méprise et se moque de tous les malheurs qu’il impose à ce peuple. C’est le cas du massacre qui se passe actuellement au Bas-Congo. Pour le pouvoir, il faut rétablir l’autorité de l’Etat. Pour cette raison, tous les moyens sont bons, pourvu que le but soit atteint : principe cher à Nicolas Machiavel. Dans tout ce cinéma, le peuple du Bas-Congo n’a qu’un seul choix : mourir ou se taire ! Demander l’application de la constitution relève d’une provocation pure et simple et nécessite une réaction punitive de ces militaires qui ne parlent ni lingala, ni français, mais seulement l’anglais et le swahili !
Le bilan de ces agissements est très lourd. Selon les sources officielles, il n’y a eu que 22 morts lors des affrontements de Luozi. Mais selon d’autres sources, les morts dépassent la quarantaine et plusieurs corps sont mutilés, avant d’être jetés dans la mer pour effacer les traces. On accuse le mouvement Bundu dia Kongo de vouloir établir une administration parallèle. C’est une accusation simpliste que le gouvernement s’arroge pour cacher son incapacité à gérer rationnellement le pays. Lorsque les gens ont faim, ils peuvent se permettre n’importe quoi et la mort ne leur dit plus rien. Le plus difficile à digérer, c’est le fait que ce n’est pas la première fois que l’équipe de Joseph Kabila recourt à la violence pour se maintenir. On se demande si ces katangais au pouvoir à Kinshasa sont vraiment conscients de ce qu’ils courent comme responsabilités à travers ces massacres à répétition des citoyens congolais. Pour le chef du Bundu dia Kongo, l’honorable Ne Muanda Nsemi, le gouvernement congolais se rend coupable des massacres de sa propre population par des bombardements disproportionnés. Ceci fait penser au dictateur irakien Saddam Hussein qui massacrait sa propre population à coup de bombes chimiques, puisqu’ils revendiquaient leurs droits. Ne Muanda Nsemi, député de Luozi regrette avec raison, le silence de la communauté nationale qui semble ne manifester aucune solidarité face au massacre commis par le pouvoir kabiliste. Cette absence de solidarité patriotique de la part des populations des autres provinces est très mal perçue par les populations du Bas-Congo. Il le dit haut, à travers ce réquisitoire qui sonne comme un arbre qui cache la forêt : « Les Congolais des autres provinces nous démontrent qu’ils sont nos frères, et que quand
nous avons des difficultés, ils nous soutiennent. Si nos compatriotes des autres provinces soutiennent ce gouvernement qui nous massacre, pour nous, la conclusion c’est qu’on ne nous aime pas ! Comment voulez-vous qu’un gouvernement utilise des armes de guerre pour bombarder des civils sans armes, et les Congolais sont là à danser, à boire, et à chanter dans le vent, au lieu de protester et de condamner. Nous demandons seulement que ceux qui commettent des injustices envers nous cessent, et que le gâteau congolais soit partagé équitablement, pour que chaque Congolais puisse trouver son compte. »
Cette situation arrive à un moment où, le peuple se demande s’il existe vraiment un gouvernement en République Démocratique du Congo. Les plus hautes autorités de l’Etat sont interpellées parce que, soupçonnées de vouloir prendre le pouvoir. C’est le cas de l’honorable Vital Kamerhe qui vient de passer deux heures devant les responsables de l’ANR. En présence des Ministres conseillers de Joseph Kabila : Marcellin Chishambo et Katumba Mwanke, le président de l’assemblée nationale a subi un humiliant interrogatoire devant des « petits » policiers, violant avec arrogance son
immunité parlementaire. Selon d’autres sources, le président du Sénat a été interrogé sur ses rapports avec les occidentaux ! Ces signes montrent que rien ne va plus à la tête de la République Démocratique du Congo. Au Nord du pays, les rebelles de la LRA tuent les congolais comme ils veulent et là, on ne rétablit pas l’autorité de l’Etat. Sur une distance de 500 kilomètres, il n’y a aucune présence militaire congolaise. Ce qui donne aux groupes armés étrangers de venir faire la fête dans la province du Haut Congo. Au Katanga, le pouvoir central n’a plus de sens aux yeux des Katangais.
Le lynchage du Ministre du gouvernement central proche du faussaire et potentiel prisonnier, le député pro-kabiliste Kissimba Ngoy est la preuve que les autorités de Lubumbashi ne se sentent plus redevables au pouvoir central de Kinshasa. D’ailleurs, la manière banale avec laquelle cette affaire a été traitée, montre que malgré les apparences, le Katanga est une province potentiellement indépendante qui n’attend que le jour « j » pour se dévoiler. A l’Est du pays, les miliciens Mai Mai se sont retirés des accords de Goma se disant trahies par le pouvoir de Kinshasa. Ils s’insurgent contre
le facilitateur Apollinaire Malu Malu qui les traite sans considération. Ils menacent clairement de rejoindre le maquis. A Kinshasa, on continue de pleurer Aimée Kabila Mulengela, fille biologique de l’ancien président Laurent Désiré Kabila.
Et pour couronner tout ce malaise, le député national de Luozi, chef du mouvement Bundu dia Kongo, Ne Muanda Nsemi s’interroge : « pourquoi considère-t-on que les frontières tracées injustement par les blancs-colons ne sont pas négociables ? Les blancs qui ont tracés ces frontières sont-ils des dieux ? » A la radio France internationale, il s’interroge sur le deux-poids deux mesures de la communauté internationale : « Pourquoi lorsque les Serbes massacrent les Albanais du Kosovo, on sépare les deux peuples en créant des nouvelles frontières, mais quand c’est dans un pays d’
Afrique centrale, on dit qu’il faut vivre ensemble ! » Laissons passer les jours et l’histoire nous dira.
Mais retenons cette maxime : « N’est pire aveugle que celui qui refuse de voir. »