AFP
16/11/08
Le chef rebelle Laurent Nkunda a affirmé dimanche, après sa rencontre avec l'envoyé de l'ONU Olusegun Obasanjo, vouloir négocier un cessez-le-feu avec Kinshasa dans l'est de la République démocratique du Congo, où des combats entre armée et rebelles ont éclaté.
"Nous voulons contacter la partie adverse pour trouver un cessez-le-feu", a déclaré à la presse Laurent Nkunda, à l'issue d'un entretien de près de deux heures avec M. Obasanjo à Jomba, petite localité de l'est en territoire rebelle.
M. Nkunda a réaffirmé que, pour sa part, il respectait le cessez-le-feu proclamé unilatéralement par son mouvement le 29 octobre.
"Nous avons donné notre accord à l'ouverture de couloirs humanitaires", a-t-il ajouté, réitérant ainsi l'un de ses précédents engagements.
"Aujourd'hui est un grand jour pour nous, car nous perdions de nombreux hommes, et nous avons maintenant un message de paix. Nous devons travailler pour cette mission de paix", a-t-il affirmé.
Pour sa part M. Obasanjo a déclaré : "Je sais maintenant ce qu'il (Nkunda) veut. Je sais qu'un cessez-le-feu est comme danser le tango: on ne peut pas être seul" à respecter la cessation des hostilités.
Aucun des nombreux émissaires qui se sont succédés ces dernières semaines dans l'ex-Zaïre où la guerre a repris depuis fin août n'avait encore officiellement rencontré Laurent Nkunda.
A son arrivée en hélicoptère à Jomba, située à 80 km au nord-est de Goma, la capitale de province du Nord-Kivu, MM. Obasanjo et Nkunda se sont serrés la main chaleureusement.
M. Nkunda, général déchu congolais tutsi, avait troqué son uniforme militaire pour un costume gris clair et une chemise blanche rehaussée d'une cravate rouge.
L'ex-président nigérian Obasanjo a rapidement passé en revue les troupes de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) qui étaient présentes, avant que les deux hommes n'entrent main dans la main dans un petit bâtiment de la paroisse de Jomba pour des discussions.
Les rebelles de Laurent Nkunda sont actifs depuis plusieurs années dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis fin août 2008, les combats ont repris entre l'armée et le CNDP, en violation d'un cessez-le-feu conclu en janvier.
Les rebelles ont infligé ces dernières semaines d'humiliantes défaites à l'armée: ils sont positionnés depuis fin octobre à une quinzaine de kilomètres de Goma et depuis quelques jours à une vingtaine de kilomètres de Kanyabayonga (100 km plus au nord), un verrou stratégique pour accéder dans la partie nord du Nord-Kivu.
Peu avant que MM. Obasanjo et Nkunda débutent leurs discussions, de violents combats ont éclaté à l'aube entre CNDP et armée, à une vingtaine de km de Kanyabayonga, tenu par les Forces armées de RDC (FARDC).
Après une brève accalmie, ces affrontements au mortier et à la roquette se poursuivaient en fin de matinée, selon le porte-parole militaire de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc), le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.
Les causes exactes du déclenchement des affrontements ne sont pas encore connues, selon la Monuc. Mais la rébellion a accusé les FARDC d'avoir attaqué les positions rebelles.
Enfin, l'armée congolaise a affirmé avoir arrêté "la plupart" des soldats qui ont commis des pillages à Kanyabayonga en début de semaine. Les "auteurs de ces pillages" seront "bientôt présentés devant la cour militaire opérationnelle de Goma", selon un communiqué de l'état-major.
Les combats depuis fin août ont provoqué une situation humanitaire catastrophique: plus de 250.000 personnes ont été jetées sur les routes, et des dizaines de milliers d'entre elles sont hors de portée des organisations humanitaires à cause de l'insécurité.
AFP