RFI
25/01/12
Le Rwanda se réjouit de l'extradition de Léon Mugesera. Cet ancien homme politique rwandais accusé d'incitation au génocide vivait au Canada depuis 1993. Kigali souhaite le juger depuis des années. La justice canadienne a rejeté lundi 23 janvier 2012 une ultime requête de Mugesera, qui tentait de s'opposer à son expulsion. Même s'il n'était plus présent sur le sol rwandais au moment du génocide de 1994, il en est considéré comme l'un des idéologues.
C'était le 22 novembre 1992 dans la préfecture de Gisenyi. Un discours resté dans les mémoires. Face à la foule, Léon Mugesera, ex-professeur d'université, devenu cadre influent du parti du régime Habyarimana traite les Tutsis de cafards.
Il suggère entre autres d'exterminer les proches des rebelles du FPR (Front patriotique rwandais), « ceux dont vous ne couperez pas le cou vous couperont le vôtre », dit-il encore.
A l'époque, le ministre rwandais de la Justice, issu d'un parti d'opposition, en vient même à lancer un mandat d'arrêt contre lui pour incitation à la violence. Et Léon Mugesera fuit le pays pour se réfugier au Canada, en 1993. Depuis, le génocide a eu lieu au Rwanda. Et Kigali réclamait son extradition. Aujourd'hui, le ministre de la Justice Tharcisse Karugarama dit sa satisfaction : « Mugesera, c’est un type qui représente vraiment la haine. Finalement, la justice sera rendue ».
Déception en revanche des avocats de Léon Mugesera, à l’instar de Maître Philippe Larochelle. « Pour moi, il doit y avoir un procès, oui, mais il doit y avoir un procès dans les conditions où on va avoir une défense pleine et entière, et il va pouvoir s’expliquer. Or, cela ne sera pas possible dans le Rwanda d’aujourd’hui » a-t-il conclu.
Même si des ONG en doutent, le Rwanda a donc convaincu certains de sa capacité à juger lui-même désormais les suspects de génocide. Le mois dernier, c'est le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) qui s'est prononcé pour la première fois pour le transfert d'un de ses accusés vers Kigali.
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