Le Monde
11/06/07
Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba demande au président Joseph Kabila de permettre le retour en République démocratique du Congo (RDC) du chef de l'opposition, en exil sanitaire au Portugal, dans un communiqué.
L'ancien vice-président Bemba, élu sénateur en janvier, avait quitté Kinshasa sous escorte de blindés de l'ONU dans la nuit du 10 au 11 avril, trois semaines après des combats sanglants entre l'armée régulière et sa garde rapprochée, qui avait été totalement défaite.
Il avait alors obtenu du Sénat une autorisation de sortie du territoire pour "raisons médicales", autorisation qui a expiré dimanche soir.
A partir de cette date, ses absences à la Chambre haute seront comptées et, selon le règlement intérieur du Sénat, il perdra automatiquement son mandat en cas d'absence non justifiée à plus d'un quart des séances d'une session plénière.
L'ex-chef rebelle est en outre visé par une demande de levée de son immunité parlementaire par le parquet général, qui voudrait notamment le poursuivre pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" après les sanglants affrontements de mars.
Le MLC affirme que l'état de santé de M. Bemba "s'est amélioré" et qu'il est "en mesure de revenir au pays pour reprendre ses activités politiques", mais que plusieurs "problèmes" empêchent ce retour, dans un texte signé par le secrétaire exécutif du parti, Thomas Luhaka.
Le parti "insiste sur la nécessité de trouver une solution politique aux problèmes qui entourent ce retour", sans indiquer quels sont ces problèmes.
Il en "appelle au chef de l'Etat" et demande à "tous ceux qui croient aux vertus de la démocratie, au sein de la communauté internationale, de s'impliquer dans la recherche des voies politiques et pratiques qui peuvent conduire à ce retour".
Pour l'entourage de l'adversaire malheureux de Kabila à la présidentielle d'octobre 2006, plusieurs obstacles bloquent pour le moment son retour: l'absence de dialogue avec le pouvoir et l'absence de garanties sécuritaires.
Les cadres du MLC rappellent que l'opposition a remis un mémorandum au président et "attend depuis 45 jours d'être reçue" par ce dernier. Ils estiment aussi que l'accord passé entre les deux présidentiables le 29 octobre n'est pas respecté alors qu'il prévoyait que le gagnant assure une "sécurité rapprochée" au perdant.
Dans le camp Kabila, on se borne à rappeler qu'en tant qu'ancien vice-président, Jean-Pierre Bemba a droit à un détachement de 12 policiers – conformément à un décret de novembre 2006 – et que rien de s'oppose à son retour.
"S'il veut prolonger son absence, qu'il s'arrange avec le Sénat. Bemba n'est que sénateur, il faut arrêter de penser qu'il est au dessus des lois parce qu'il a fait 42% au second tour de la présidentielle", a déclaré un proche collaborateur du président Kabila.
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