Reuters
08/10/07
KINSHASA (Reuters) – Le général rebelle congolais Laurent Nkunda annonce la révocation d'une trêve en vigueur depuis un mois dans la province de Nord-Kivu, en raison de ce qu'il a présenté comme des attaques répétées de l'armée gouvernementale.
"Il n'y a plus de trêve (…). Le gouvernement continue à nous attaquer (…). Nous nous sommes dits que nous n'allions pas rester les bras croisés pendant que des gens meurent. Nous devons réagir. Nous sommes des soldats", a déclaré Nkunda, contacté au téléphone par Reuters.
Cette annonce augure de nouveaux conflits et drames humanitaires au Nord-Kivu, foyer de tensions ethniques et d'affrontements entre l'armée régulière et des groupes de miliciens et de rebelles.
Le ministre congolais de la Défense, Chikez Diemu, a accusé Nkunda de vouloir "balkaniser" le pays. "Il joue un jeu dangereux. Maintenant il nous pousse vers la guerre", a-t-il dit, avant d'ajouter: "On l'attrapera comme une souris dans le petit trou où il est."
Le ministre a ajouté que la RDC allait appliquer en conséquence les mesures sécuritaires convenues avec ses voisins des Grands Lacs, Ouganda, Rwanda et Burundi, sans donner de détails.
A la suite de combats dans l'est de la République démocratique du Congo en août et début septembre, la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) avait annoncé le 6 septembre l'instauration d'une trêve limitée entre l'armée et les forces de Nkunda, qui est d'ethnie tutsie.
De nouveaux affrontements ont cependant éclaté entre les deux camps jeudi dernier et au cours du week-end et, selon des sources militaires, ils continuaient lundi dans plusieurs secteurs du Nord-Kivu.
Des combats ont eu lieu dans le Parc national de Virunga, l'un des plus anciens d'Afrique, contraignant les gardiens de la réserve à fuir et mettant de nouveau en danger la petite population de gorilles.
POURSUITE DES COMBATS
La Monuc, qui compte 17.000 soldats répartis dans l'ancienne colonie belge, a déclaré suivre de près l'évolution des combats.
"Des combats sont en cours dans le district de Masisi. Ils ont lieu dans trois secteurs, dont Karuba et Ngungu, où il y en avait déjà eu", a déclaré à Reuters un porte-parole de l'Onu, P.K. Tiwari.
Nkunda, qui a dirigé en 2004 une rébellion pour défendre les Tutsis du Nord-Kivu, accuse le gouvernement de Kinshasa et l'armée régulière de soutenir les rebelles hutus rwandais – ennemis traditionnels des Tutsis.
Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, en grande partie hutues) sont accusées d'implication dans le génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts.
Mais le gouvernement du président Joseph Kabila dément soutenir les FDLR et a rencontré à plusieurs reprises des dirigeants d'Ouganda, du Rwanda et du Burundi pour évoquer les moyens de mettre fin au conflit dans le Nord-Kivu. Après avoir remporté les élections de l'an dernier, Kabila s'était engagé à pacifier l'est de la RDC, riche en ressources minérales.
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