Le dernier acte se joue à Washington.

Colette Braeckman

29/10/07

 

Les deux guerres, la négociation, l’interminable transition, les élections démocratiques n’auraient donc été que les premiers actes. Cette fois, alors que l’on croyait la pièce terminée, le rideau se lève à nouveau, et on a le sentiment que les vrais acteurs, qui se tenaient jusque là dans les coulisses, entrent enfin en scène, à visage découvert. C’est à Washington, où le président Kabila rencontre le président Bush et Condolezza Rice que se jouera le sort du Nord Kivu, cette province où les hostilités avaient commencé en 1996. Alors qu’un attaché militaire américain s’est installé à Goma pour suivre les opérations, le gouverneur de la province s’est envolé pour Séoul d’où il se rendra en Chine.

Sur le terrain, les équipements militaires chinois affluent, l’arrivée du matériel civil est imminente et Pékin a promis de nouveaux soutiens au gouvernement : le total des engagements s’élève déjà à la somme colossale de 14 milliards de dollars, qui seront affectés à d’innombrables projets techniques et d’infrastructure !Tout cela fait grincer des dents au FMI, non seulement parce qu’il redoute un nouvel endettement du pays, mais surtout parce que ces échanges se feront sous forme de troc : c’est moins l’argent qui circulera que les machines, les équipements d’un côté, les matières premières de l’autre. Sur quoi les maîtres du monde prélèveront ils leur dîme et exerceront-ils leur contrôle ? Où iront leurs experts ?
Tous les Congolais sont persuadés du fait que la montée en puissance de Nkunda, la publicité dont il bénéficie en Occident, sont surtout l’expression d’un rappel à l’ordre adressé au président Kabila : c’est la Monuc (financée par les Etats-Unis) qui a contribué à la pacification du pays, ce sont les Européens, et les Occidentaux dans leur ensemble qui ont financé l’exercice électoral le plus coûteux de l’histoire, dotant le pays d’une constitution et d’institutions légitimes.
Ces grands acteurs se sentent frustrés par l’irruption du nouveau venu qu’est la Chine. Les jours à venir diront si le président a réussi à convaincre ses interlocuteurs occidentaux du fait que dans son vaste pays aux innombrables richesses, il y a place pour tout le monde ou si il risque d’être sanctionné par rebelles interposés pour avoir exercé, comme son père avant lui, un certain « devoir d’ingratitude » et une évidente volonté de souveraineté. Avec cette différence que lui, il a été élu et qu’il a pris des engagements auprès de sa population…

 

Le Soir

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