Bahati Amani
11/01/08
Goma, R.D.C.
Décidément, le Président Joseph Kabila a opté pour la folie à la place de la raison. Avec toute la pompe autour de la Conférence de Goma, ses conseillers se permettent de soutirer un membre d’une délégation en violation flagrante de la loi. L’acte d’humiliation contre le porte parole militaire du CNDP, le Major Séraphin Mirindi, est un geste barbare qui remet en doute la sincérité des organisateurs. Concernant les lois et obligations des participants à la Conférence, l’article 40 stipule que : « les poursuites judiciaires à l’encontre des conférenciers sont suspendues pendant toute la durée des travaux de la Conférence. » Et au sujet de la prise de la parole, son alinéa ajoute : « Nul ne peut être interrompu lorsqu’il parle, sauf en cas de rappel au règlement. Les conférenciers sont tenus de participer de façon active aux travaux et d’éviter tout comportement susceptible de nuire à leur plein rendement. » L’aberration qui a conduit à l’interpellation illégale du Major Mirindi est une violation grave de cette disposition.
Ceci montre que, malgré les refrains qui ont été chantés à l’ouverture, l’issue de cette conférence demeure incertaine. La maxime biblique enseigne qu’« une maison édifiée sur le sable ne peut subsister à la tempête. » La question qui se pose est de savoir : qui pilote cette Conférence ? Quel en est le vrai objectif ? La volonté des organisateurs d’obtenir par le bavardage de la Conférence, ce qu’ils n’ont pu obtenir contre le CNDP par les armes demeure manifeste. Q’un agent de la Monuc humilie un congolais dans son pays, c’est la preuve que l’indépendance de le RDC est un mythe. Elle demeure un état sous-tutelle. Aucun gouvernement au monde ne peut admettre une telle gabegie.
Une éphémère arrestation inacceptable
La délégation du CNDP est en pleine concertation avec les ambassadeurs de l’Union Européenne, de la Grande Bretagne, des USA, et de l’Union Africaine présents à Goma. Un Monsieur se lève sur appel d’un certain MANACK Christian, conseiller politique de la Monuc. A son retour, il interpelle le Major Séraphin Mirindi à l’extérieur et lui fait comprendre qu’il est en état d’arrestation. Lorsqu’il demande pourquoi il est interpellé, la raison de cette interpellation et le nom du recherché, la réponse de l’agent de la Monuc est sans équivoque : « Tu as participé à l’assassinat du Président Kabila. Un avion affrété pour la circonstance t’attend à l’aéroport de Goma pour la prison de Makala à Kinshasa. » Au sujet du nom, le monsieur lui dit qu’il recherche un certain Mirindi et on lui a dit qu’il s’appelle Mirindi. Et l’autre nom, demande le Major Mirindi ? L’agent appelle Kinshasa et puis, après une conversation téléphonique, il lui répond : « Georges. » Le Major lui dit : « je m’appelle Séraphin et non Georges. » L’homme lui demande des preuves de son nom. Le Major Mirindi fournit ses pièces d’identité comme preuve qu’il s’appelle Séraphin et non « Georges. » Un autre coup de téléphone s’ensuit et on entend dire : « ce n’est pas bien de l’arrêter alors qu’ils n’ont pas le même nom. » L’agent de la Monuc demande aussitôt au Major de rentrer dans la salle, mais l’incident était consommé. L’humiliation et l’opprobre sont là !
A qui profite le crime ?
La Monuc avait donnée les garanties de la sécurité à la délégation du CNDP. Comment peut-elle se retrouver dans le rôle des perturbateurs de la Conférence ? A vrai dire, l’affaire était piloté depuis la présidence de la RDC par le conseiller de Joseph Kabila lui-même, Monsieur Marcellin Chishambo en complicité avec la Monuc. La délégation du CNDP a adressée une lettre de protestation à la présidence de la Conférence, dénonçant ce kidnapping qui ressemble au gangstérisme américain. Suite à cette lettre de protestation, le bureau de la Conférence constitué de Malu Malu Apolinaire, Kamerrhe Vital, Katintima Norbert, Kamanzi Emmanuel et Semadwinga Danie a décidé de rencontrer la délégation du CNDP conduite par Maître Abandi René porte parole du CNDP, Bisimwa Bertrand, Maître Mwiti et Sylvie Kalala. Au bout de la discussion, le bureau a promis « qu’un tel incident ne se reproduira plus. » Mais comment prendre au sérieux ces décisions verbales pendant qu’il vient d’être prouvé qu’il y a des gens au dessus de la Conférence qui agissent contre la loi établie ? Que dire de cette Monuc qui doit œuvrer pour la paix, mais qui s’ingère de façon inacceptable dans les affaires intérieures de la RDC jusqu’à participer aux arrestations arbitraires, enlèvement et séquestration ? La RDC est-elle
encore un état indépendant ? Il n’y a qu’en RDC où l’on peut voir un « petit » agent de la Monuc se permettre de venir arrêter un citoyen congolais en violation de la loi établie, dans une conférence convoquée par le décret présidentiel. Peut-on croire aux garanties verbales de ceux qui disent une chose le matin et déclarer son contraire le soir ? Surtout qu’on sait qu’à l’ouverture des travaux déjà, la délégation du CNDP a été interdite d’accès dans la salle et personne n’a bronchée !
Pourquoi ce geste bête et ignoble de la présidence congolaise ?
Les kabilistes en mal de popularité et d’arguments face à l’inaction gouvernementale et aux défaites militaires, cherchent à trouver des moyens pour saboter le CNDP. Ils font tout, pour populariser ce mouvement en faveur de leurs amis FDLR, empêchés de participer à la Conférence. Voici que le CNDP n’a pas pu assister aux discours de la journée du 10 janvier, suite à cette barbarie de charlatans kabilistes. En tout cas, le CNDP a toujours prôné le dialogue et la paix, mais c’est le gouvernement qui le pousse à se défendre militairement. Malgré cette humiliation inacceptable, le CNDP
poursuivra sa participation aux travaux, car ce qui l’intéresse c’est la paix et la réconciliation entre les fils et filles du Kivu. Tous ces va-t-en guerres qui n’ont jamais porté de tenue militaire, ni entendu le sifflement de bales continuent de croire au vide, à savoir, la victoire militaire sur le CNDP. Qu’ils se détrompent ! Le CNDP n’est ni la MLC de Jean Pierre Bemba ; ni le RCD d’Azarias Ruberwa et encore moins le Bundu Dia Kongo qui enterre tous les jours ses adeptes suite à l’aveuglement du gouvernement congolais. Espérons que Joseph Kabila qui ne sait plus quelle carte jouer pour sauver
son pouvoir se débarrassera de ces conseillers encombrants pour éviter que le pire ne lui arrive tôt. Le geste posé par le CNDP en retournant aux assises malgré cet acte inacceptable traduit la sagesse et la grandeur d’esprit qui ont toujours prévalu dans ce mouvement. Mais le fait de croire aux « simples » paroles du bureau ne fait pas de lui, un mouvement naïf.
Conférence sur la paix ,Goma/Rdc